"C’est un petit miracle d’organiser cette compétition au milieu des montagnes" : Yves Mittaz
La 77e édition des European Masters de Crans-Montana débute ce jeudi sur le Haut-Plateau. Amateurs ou simples curieux, les dizaines de milliers de spectateurs peuvent admirer durant quatre jours quelques-uns des meilleurs joueurs mondiaux de la petite balle blanche.
Réputés pour les paysages, les European Masters de Crans-Montana le sont également pour un parcours de grande qualité. Pourtant, le climat particulier par rapport aux autres tournois mondiaux ne facilite pas vraiment la tâche des organisateurs. "Il faut avoir un terrain de jeu adapté pour avoir un grand spectacle", analyse Yves Mittaz. "Il a fallu mettre beaucoup d’argent et investir passablement de temps. En Valais, le microclimat est différent, sans trop de pluie et beaucoup de soleil. Cela nous permet d’avoir une qualité qui se rapproche des meilleurs terrains de golf au monde".
Afin de maintenir tout au long de la saison ces conditions de jeu, les organisateurs peuvent s’appuyer sur le soutien financier de leurs sponsors. "Plus de 20 millions de francs ont été dépensés durant ces 15 dernières années pour refaire le parcours", poursuit le directeur. "Nos partenaires nous ont beaucoup soutenu financièrement pour obtenir ce résultat. C’est un petit miracle pour nous d’organiser cette compétition chaque année au milieu des montagnes. Cet endroit est incroyable pour ce sport qui a l’habitude d’être pratiqué au bord des villes".
L’Arabie Saoudite redistribue les cartes
Comme les autres compétitions de renommée internationale, les European Masters de Crans-Montana connaissent quelques difficultés depuis plusieurs saisons. "Contrairement aux autres sports, il n’y a pas de fédération internationale pour régler et gérer les compétitions", explique le directeur. "Au départ, il y avait plusieurs fédérations : le circuit européen, américain et asiatique. Tout d’un coup, l’Arabie Saoudite et ses centaines de millions de dollars ont voulu racheter les compétitions. Comme elle n’a pas réussi, elle a créé un circuit en achetant les meilleurs joueurs de la planète à des prix astronomiques".
Avec un portefeuille sans limite, l’Arabie Saoudite a fait entrer le golf dans une dimension inaccessible pour ses concurrents. "Un joueur a même touché 600 millions pour aller jouer dans leur circuit. Cela a complétement déstabilisé le monde du sport et nous avons une pression terrible pour augmenter le prize money chaque année. Ce n’est pas très sain d’arriver à ce genre de montant exorbitant pour un tournoi de golf d’une durée de quatre jours", se désole Yves Mittaz. "On a eu des discussions entre les parties mais aujourd’hui, tout cela a été tellement loin dans la démesure que c’est difficile. Le golf est aujourd’hui divisé et c’est malheureux".
Une dimension historique à Crans-Montana
Dans un sport où les tournois sont nombreux, les compétitions doivent pouvoir se démarquer de la concurrence. A Crans-Montana, le savoir-faire s’est perfectionné au fil des décennies. "Les valeurs, les traditions et le palmarès sont importants pour continuer de regarder vers l’avant, tout en n’oubliant pas ce qui a été fait par le passé. Il y a une histoire et des règles, l’argent ne peut heureusement pas tout permettre".
L’influence des JO sur la relève
Fort de son expérience dans le milieu, Yves Mittaz est persuadé que les Jeux olympiques 2024 ont contribué à la promotion du golf chez les jeunes et constate déjà un intérêt croissant de la relève dans son club.