Alberto Regazzoni : "Lugano est favori mais l'appui du public peut faire la différence pour Sion"
Né à Lugano, Alberto Regazzoni a effectué ses premiers pas en professionnel sous les couleurs du club bianconero avant de conquérir le cœur des supporters du FC Sion en contribuant au doublé Coupe-promotion du printemps 2006. Le Tessinois se confie avant le duel très attendu de samedi à Tourbillon.
Dix-huit ans plus tard, Alberto Regazzoni n'a rien oublié de ce 17 avril 2006 qui lui a permis d'entrer dans la légende. Celle du FC Sion en finale de Coupe de Suisse. Ce jour-là, l'ailier de poche du club sédunois est le dernier à s'élancer lors de la série de tirs au but qui doit décider de l'issue de la finale entre Young Boys et une formation valaisanne alors pensionnaire de Challenge League. Le numéro 12 s'avance, croise sa frappe et trompe Marco Wölfi, pourtant parti du bon côté. La moitié du stade exulte. Le FC Sion tient son dixième succès en autant de finales et devient le premier (et toujours unique à ce jour) représentant de deuxième division à soulever le trophée.
"Je n'oublierai jamais les émotions vécues ce jour-là", affirme-t-il aujourd'hui. "J'ai beau avoir vécu de beaux moments avec YB ou Saint-Gall par la suite, le FC Sion aura toujours une place particulière dans mon cœur. Même si les dernières années en Super League ont été plus difficiles à vivre pour le club, je n'ai jamais cessé de le suivre. Les joueurs ont un grand rôle à jouer dans l'amour qui lie le public à son équipe en Valais. À l'époque, je me rappelle que notre effectif comportait cinq ou six Valaisans, nous étions trois Tessinois et plusieurs éléments venus d'ailleurs, mais nous étions tous unis car nous aimions vraiment ce club. Ce penalty transformé en finale de Coupe est le plus grand moment de ma carrière, à égalité avec mon premier match en équipe nationale (ndlr : le Tessinois a connu trois sélections avec la Nati durant l'automne 2006)."
Adversaire de la furia valaisanne en 2009
Trois ans après ce lundi de Pâques qui lui a permis d'inscrire son nom au palmarès de la Coupe de Suisse, Alberto Regazzoni s'est retrouvé dans le camp d'en-face lors de l'affiche identique de la finale de 2009. Il a alors vécu l'amère expérience de la défaite au terme d'un scénario digne de tout ce qui a fait l'histoire du FC Sion en finale de Coupe de Suisse. "À cette période-là, nous gagnions facilement chacun de nos matches à domicile contre Sion en championnat", se rappelle celui qui a disputé l'intégralité de la rencontre sous les couleurs d'YB. "Nous menions tranquillement 2-0 dans cette finale avant que le but de Goran (ndlr : Obradovic pour la réduction du score à la 41ème) ne change complètement le match. Les supporters valaisans ont tellement poussé en seconde période qu'on avait l'impression qu'ils étaient seuls dans le stade. On dit souvent qu'en tant que joueur, on n'entend pas les supporters. C'est un mensonge. Ce jour-là, le public a gagné le match pour Sion. Ce club entretient vraiment une relation particulière avec la Coupe."
Une relation qui pourrait déboucher sur un 14ème sacre cette année. À condition, déjà, de créer un nouvel exploit face à Lugano ce samedi en demi-finale. "En ce moment, ils surfent sur une dynamique extrêmement positive", relève le Tessinois en référence à une formation luganaise invaincue lors de ses dix dernières sorties. "Je connais très bien leur entraîneur Mattia Croci-Torti (ndlr: les deux hommes ont été coéquipiers à Lugano et à Chiasso). C'est quelqu'un qui a la niaque. Grâce à son caractère, il donne un véritable sentiment de puissance à ses joueurs. Sitôt qu'il joue un match à élimination directe, le FC Lugano fait preuve d'un impressionnant mental et souvent, il finit par l'emporter."
Une ferveur qui diffère de chaque côté du Simplon
En Valais, la rencontre à venir est dans tous les esprits depuis des semaines. Le Stade de Tourbillon sera plein à craquer, si bien que le FC Sion a dû négocier pour ouvrir un secteur supplémentaire dont les billets se sont envolés en quelques minutes. L'euphorie de la Coupe de Suisse est-elle également perceptible de l'autre côté du Simplon? "Disons qu'on sent grimper une forme d'excitation mais c'est incomparable à ce qui se vit en Valais", répond Alberto Regazzoni. "Malheureusement pour Lugano, il ne peut pas s'appuyer sur la même ferveur du public que le FC Sion. Lors du dernier match contre Lausanne le week-end dernier, ils étaient à peine plus de 3'600 au Cornaredo alors que l'équipe lutte avec YB en tête du classement. Les Luganais ne s'identifient pas autant à leur club que les Sédunois."
L'ancien ailier voit deux raisons principales à ce manque d'intérêt des Tessinois pour leur club de football qui reste pourtant sur deux finales de Coupe consécutives (victoire contre Saint-Gall en 2022, défaite face à YB et 2023) et qui ne pointe qu'à six points d'YB en championnat. "Le Tessin vibre surtout pour Ambri et Lugano, ses deux clubs de hockey. Sans oublier le fait qu'en une heure seulement, on peut se retrouver à San Siro pour voir jouer le Milan ou l'Inter. Les gamins de chez nous regardent la Série A, pas le FC Lugano. C'est dommage et ça me fait mal au cœur."
Les individualités pour Lugano, le public pour Sion
Alberto Regazzoni ne perd pas espoir de voir la situation évoluer et espère que les bons résultats conjugués au développement du nouveau stade contribueront à développer l'engouement autour de son club formateur. Aujourd'hui reconverti en tant que garde-frontière, le Tessinois suivra à distance le duel de samedi soir. "Je suis partagé en deux puisque je suis né et j'ai grandi à Lugano mais le FC Sion reste mon club de cœur. En étant tout à fait honnête, je dirais que Lugano a quelque chose de plus au niveau des individualités. Ce sera le favori de cette demi-finale mais l'appui du public peut faire la différence pour Sion. Si les Valaisans veulent passer, ils devront mettre de la grinta et beaucoup d'envie sur le terrain."