En manque de juniors, les Sierre Lions sont en péril
Alors qu’ils occupent la tête du classement de LNA de streethockey, rien n’assure que les Sierre Lions continueront d’exister à court ou moyen terme. En cause: le covid qui a vidé le club de ses juniors.
Huit matches. Sept victoires. Vingt-et-un point au compteur. Ce bilan quasi parfait, c’est celui des Sierre Lions, actuels leaders de Ligue Nationale A de streethockey. Une situation sportive qui a de quoi réjouir. Pourtant, le ciel n’est pas forcément tout bleu dans celle que l’on appelle pourtant «cité du Soleil».
Création d’une task-force
«Le covid a laissé des traces», souffle amèrement Mathieu Schildknecht. À bientôt 32 ans, ce dernier est un visage important du club sierrois. En quinze années, il y a porté toutes les casquettes ou presque. «J’ai commencé comme junior, j’ai été membre du comité, j’ai repris la présidence durant quelques saisons et depuis un bon bout de temps maintenant, je joue en LNA.» En plus de ces nombreux rôles, il fait partie des initiants de la task-force créée ces dernières semaines pour faire face aux incidences de la pandémie. «Déjà, on doit retrouver un comité puisque le précédent a démissionné. Mais surtout, il nous faut recréer un mouvement juniors!»
«Durant le confinement, les jeunes avaient besoin de faire quelque chose. Ils se sont donc tournés vers des sports individuels qui étaient permis et on les a perdu comme ça…»Mathieu Schildknecht
Les longs mois de trêve ont en effet eu une forte répercussion sur le nombre de jeunes licenciés au sein du club. «Tout était à l’arrêt, on ne pouvait plus s’entraîner et les jeunes avaient besoin de faire quelque chose. Ils se sont donc tournés vers des sports individuels qui étaient permis et on les a perdu comme ça…» Problème, les statuts de la fédération suisse de streethockey sont clairs: un club doit avoir une équipe de juniors pour être autorisé à évoluer en LNA. «C’est quelque chose de tout à fait logique. Sans jeunes, l’avenir est très limité…» Faut-il, justement, s’inquiéter pour l’avenir des Sierre Lions? «Dans la mesure où il nous faut absolument trouver des jeunes cette année, retrouver un vrai élan positif, je dirais que oui», répond Mathieu Schildknecht. «Ce qui me rassure, c’est que je sais que des gens seront là pour mener à bien nos objectifs.»
Plusieurs moyens d’attirer de potentiels renforts
L’attaquant des «rouge et jaune» se veut plutôt optimiste malgré la situation. Il voit plusieurs moyens d’attirer des renforts susceptibles de pérenniser le club. «Il faut proposer des activités en lien avec les écoles, faire davantage parler de nous dans les médias, faire de la publicité en tous genres pour que la population comprenne une chose: que le «street» est quelque chose de fun qui correspond bien à quelqu’un qui aime le hockey mais qui ne sait pas forcément patiner.»
«La seule différence entre le «street» et le hockey sur glace, c’est que tu n’as pas à enfiler les patins. Heureusement d’ailleurs car ma femme est plus à l’aise que moi sur les lames!»Mathieu Schildknecht
Mathieu Schildknecht insiste vraiment sur ce point: le «street» comme il le dit est le dérivé du hockey qui se rapproche le plus de celui pratiqué sur la glace. «Contrairement au unihockey où les contacts sont très limités, dans notre sport les règles sont les mêmes que sur la glace. Tu as le droit de mettre une charge à quelqu’un, tu portes le même équipement,… La seule différence encore une fois, c’est que tu n’as pas à enfiler les patins. Heureusement d’ailleurs car je n’ai pas peur de dire que ma femme est plus à l’aise que moi sur des lames!»
Une dizaine de juniors à trouver
À l’entendre parler, on ressent toute la passion que Mathieu Schildknecht éprouve pour son sport. Tout l’amour qu’il ressent pour son club aussi. Selon lui, combien de juniors sont-ils nécessaires pour entrevoir le futur avec sérénité? «Pour faire quelque chose à court terme, il nous en faudrait dans l’idéal une dizaine. Mais même sept ou huit, ce serait déjà très bien…» Pour l’aider à atteindre ses objectifs, la task-force sierroise peut s’appuyer sur une personnalité bien connue en Valais: son président d'honneur et directeur du HC Viège Sébastien Pico. «Avant d’être un nom dans le hockey, c’est quelqu’un de très fédérateur. Il était «à la base» des Sierre Lions, il a créé cet esprit de famille qui règne au sein du club et au vu de cette situation critique au niveau des jeunes, son réseau peut être utile. C’est quelqu’un qui peut vraiment motiver les gens à nous rejoindre.»
«Même si une grande rivalité existe lors de nos derbys en LNA, il faudrait réfléchir à créer quelque chose de commun avec Martigny au niveau des juniors...»Mathieu Schildknecht
Les Sierre Lions ne sont pas l’unique représentant valaisan en LNA de streethockey. Un peu plus bas dans le classement, à la 6ème place actuelle, on retrouve le SHC Martigny. La solution pour pallier à cette pénurie de juniors ne serait-elle donc pas toute trouvée en rassemblant les forces? «Une vraie rivalité existe entre les deux clubs. Les derbys qui nous opposent en LNA sous toujours chauds», débute Mathieu Schildknecht. «Mais c’est vrai qu’il faudrait réfléchir à créer quelque chose au niveau des juniors. Je pense surtout aux catégories de U15 à U18. Avant ça, pour les plus jeunes, ça peut être plus compliqué de se déplacer d’un côté ou de l’autre.»
La perspective de représenter le pays
L’union ne se fera donc pas demain entre Sierrois et Martignerains. Pour l’heure, c’est seuls que les Lions tentent de survivre. Ils organisent ce samedi une journée de découverte au centre sportif d’Écossia (voir encadré). Avant ça, Mathieu Schildknecht tient à faire passer un message avec l’espoir qu’il contribue à convaincre de potentiels futurs (jeunes) coéquipiers. «J’ai envie de leur dire que même si ce sport n’est pas très développé, qu’il n’est pas reconnu à sa juste valeur, en se donnant un peu de peine on peut vite se retrouver en sélection nationale. La possibilité de vivre des championnats du Monde (ndlr: si tout se passe bien, il les disputera pour la 5ème fois à titre personnel l’an prochain) existe réellement. Le faire avec le maillot de la Suisse, je peux vous assurer que cela reste gravé à vie. J’encourage vraiment les jeunes à essayer et je suis convaincu qu’ils vont vite crocher!»
Pour tenter d’attirer de nouveaux juniors, les Sierre Lions organisent une journée découverte ce samedi 20 novembre au centre sportif d’Écossia. «Toute les joueurs de l’équipe de LNA seront là dès 10h30», explique Mathieu Schildknecht. «On fera un entraînement ouvert à tous les jeunes qui durera plus ou moins jusqu’à midi en fonction du plaisir pris par les enfants. Et ensuite, on organisera une raclette pour tout le monde. Le but est vraiment de passer un bon moment tous ensemble!» Le matériel pour s’essayer au streethockey sera directement mis à disposition des volontaires par le club sierrois.