Christophe Torrent: «J’ai toujours les étoiles dans les yeux en parlant de Wengen»
Trois ans après y avoir subi une grave blessure au genou, Christophe Torrent retrouve Wengen. Intégré aux cadres B de Swiss-Ski depuis le début de l’hiver, l’Arbazien de 23 ans prendra part aux deux Super-G de Coupe d’Europe prévus vendredi et samedi sur le Lauberhorn.

Beaucoup de choses ont changé pour Christophe Torrent depuis son dernier passage derrière le micro de Rhône FM. Il y a un tout petit peu plus d’un an, le spécialiste de vitesse nous avait fait part de son ultimatum. Alors membre du cadre NLZ Ouest, l’Arbazien se laissait jusqu’à la fin de l’hiver écoulé pour rejoindre les structures de Swiss-Ski. S’il n’y parvenait pas, il rangerait ses skis et tournerait le dos à la compétition.
Changement de catégorie: meilleures conditions
«La mission que je m’étais fixée est accomplie même si ce n’était pas gagné d’avance», sourit celui qui a intégré les cadres B de la fédération cette saison. Récompensé pour sa constance, le Valaisan de 23 ans a rapidement remarqué tout ce que comportait le passage d’une catégorie à l’autre. «Ce n’est pas forcément plus facile aujourd’hui car il faut continuer à s’entraîner de manière intensive. Il reste énormément de travail à accomplir. Ce qui est évident en revanche, c’est que les conditions pour bosser sont plus faciles. Au NLZ, il était très difficile de trouver des pistes pour se préparer en vitesse alors que maintenant, je peux enchaîner les kilomètres avant la saison. Les certitudes sont désormais bien plus grandes au début de l’hiver.»
«En arrivant à un certain niveau, il faut travailler les petits détails et pour le faire, il faut du temps. Il faut être professionnel.» Christophe Torrent
S’il a atteint l’objectif qu’il s’était fixé voici douze mois, Christophe Torrent ne compte pas s’arrêter là. Il ne veut pas laisser retomber la pression. Son but est aujourd’hui d’atteindre le circuit de Coupe du Monde et pour y parvenir, il met toutes les chances de son côté. Depuis quelques mois, il a fait le choix de se consacrer uniquement à la pratique de son sport. «Avant ça, j’étudiais ou je travaillais à côté (ndlr: il a fait un apprentissage de géomaticien et obtenu sa maturité professionnelle). Le moment était venu de me lancer à fond dans le ski. En arrivant à un certain niveau, il faut travailler les petits détails et pour le faire, il faut du temps. Il faut être professionnel.»
Un blocage du dos puis une montée en puissance
Pour l’instant, le natif d’Arbaz ne récolte pas encore tous les fruits de son important investissement sur les lattes. Malgré tout, il tire un bilan encourageant de ses premières courses de l’hiver. «Je suis satisfait de moi au vu des circonstances de mon début de saison», explique-t-il. «Je me suis bloqué le dos à la fin octobre et j’ai eu besoin de temps pour revenir. Je n’arrivais pas à retrouver une totale confiance sur mes skis. Au fil des courses, je suis monté en puissance mais c’est clair que j’en attends encore plus de moi sur ces mois de janvier et février.»
«En Super-G, sur cette piste technique et mythique, ça peut bien aller pour moi.» Christophe Torrent
Vendredi et samedi, c’est donc à Wengen que Christophe Torrent tentera de prouver qu’il est sur la bonne voie et que sa courbe est ascendante. «Il y a une telle densité en Coupe d’Europe que c’est compliqué de parler d’objectif en termes de classement», relève-t-il. «Ce que je sais, c’est que si je fais mon ski, je peux jouer placé et faire une bonne performance. En Super-G, sur cette piste technique et mythique, ça peut bien aller pour moi.»
Un truc en plus à Wengen que partout ailleurs
Le Valaisan a lâché le mot qui revient sans cesse lorsque l’on évoque Wengen et le Lauberhorn: mythique. Peu importe que l’on parle de Coupe du Monde ou de Coupe d’Europe, le rendez-vous oberlandais a une saveur particulière. «Depuis que je suis petit, j’ai les étoiles dans les yeux lorsque l’on parle de cette course», souffle-t-il. «C’est celle que je ne louperai pour rien au monde devant ma télévision. Lorsque tu arrives sur place, je vous assure que tu ressens quelque chose de spécial. Il y a un truc à Wengen que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.»
«Je ne ressens pas d’appréhension particulière de prendre mon premier départ à Wengen depuis mon accident.» Christophe Torrent
Christophe Torrent n’est pas rancunier. Il parle toujours avec la même passion de cette piste qui a pourtant failli lui coûter sa carrière. Il y a trois ans presque jour pour jour, pour sa dernière saison en juniors, il avait quitté Wengen victime d’une grave blessure au genou. «Je ne ressens pas d’appréhension particulière de prendre mon premier départ là-bas depuis cet accident», assure-t-il. «C’était peut-être le cas l’année qui a suivi, lorsque les épreuves avaient finalement été annulées. Maintenant, j’ai eu le temps de me reconstruire tant physiquement que mentalement. Je n’ai plus aucune crainte de m’élancer.»
L’Arbazien ne sera pas le seul Valaisan à s’élancer depuis le portillon de ces deux Super-G de Coupe d’Europe du côté de Wengen. Le Martignerain Arnaud Boisset sera également au rendez-vous.
S’il aspire à découvrir la Coupe du Monde à moyen (voire court) terme, Christophe Torrent sait que les places au sein de l’équipe de Suisse de vitesse sont chères. L’une d’entre elles va toutefois bientôt se libérer avec le futur retrait du champion olympique Beat Feuz.