Ces Valaisans qui ne supportent pas le FC Sion (5/5): Steve Page et le Servette FC

Il ne s’est jamais posé la question. Pour lui, supporter le Servette FC n’était pas vraiment un choix. Plutôt une évidence. Depuis tout petit, Steve Page a vu son papa soutenir les Grenat. Alors il en fait de même. Quitte à être seul contre tous en Valais. «C’est vrai qu’on me chambre souvent là-dessus. Mais je sais me défendre», rigole-t-il. «Je me souviens d’ailleurs d’une victoire genevoise en 2012,  4 à 0 contre Sion à Tourbi…» On le coupe. Ce n’est pas tout à fait le propos. Ce qui nous intéresse, c’est sa passion pour Servette.

Deux titres en mémoire

Et celle-ci a donc commencé tôt. Dans la boîte à souvenirs du Bouvéroud, certains sont plus précieux que d’autres. «Le titre de champion de 1994 était un moment incroyable. Je me rappelle de Sonny Anderson, de José Sinval, de Marco Pascolo... Et puis il y a eu celui de 1999», enchaîne l’homme de 40 ans, des étoiles dans les yeux. «Emmené par les Martin Petrov, Edwin Vurens et Éric Pédat, Servette avait remporté cette fameuse finale du championnat, lors de la dernière journée et ce déplacement à la Pontaise. On avait battu Lausanne 5 à 2 pour gagner le titre.»

Ce trophée reste le dernier glané par le club jusqu’à ce jour. Le début des années 2000 est en effet plus compliqué. «La relégation administrative en première ligue, en 2005, a vraiment fait mal. D’autant que cette année-là, on fêtait les 115 ans du club et qu’il n’avait jamais été relégué avant cela.» Mais la ferveur de Steve Page pour Servette est plus forte que la douleur. Il continue à voir la vie en grenat. «On a su relever la tête et aujourd’hui, on entame notre troisième saison en Super League. L’équipe s’est construite dans la continuité, avec des jeunes joueurs qui ont à nouveau la possibilité de rester à Genève pour évoluer au plus haut niveau.»

«Quand tu es fan de Servette, les plaques valaisannes ne sont pas de trop aux alentours de Tourbillon.» Steve Page, Valaisan fan du Servette FC

Et de jouer des derbies du Rhône contre Sion. Ces matches que Steve Page attend toujours avec impatience. Ces matches «qu’on a pas le droit de perdre», précise-t-il. «J’étais au stade, en 2012, lors de notre victoire 4-0.» Il y revient. Et cette fois, on le laisse terminer sa phrase: «quand tu es fan de Servette, les plaques valaisannes ne sont pas de trop aux alentours de Tourbillon.» Au quotidien, l’opérateur en chimie s’amuse beaucoup de cette rivalité. «Je regarde les matches du FC Sion pour pouvoir discuter en connaissance de cause lorsque je débats avec un supporter valaisan. Même si ça fait mal aux yeux, ça m’aide pour argumenter.»

«Les Valaisans du Servette se débrouillent bien, pour dire que Sion ne les voulait pas.» Steve Page, Valaisan fan du Servette FC

Les années de chambrage se font sentir. Le fan grenat peut dégainer à tout moment. Mais finalement, en soutenant Servette, il supporte aussi des Valaisans ? Les Geiger, Rouiller ou autre Sauthier. «C’est vrai, et ça ne me dérange pas. Ça montre qu’ils ne sont pas aussi bornés que nous.» Correct. «Et que finalement, ils se débrouillent bien, pour dire que Sion ne les voulait pas.» A tout moment, disait-on plus haut.

Le crève-cœur Obradovic

L’histoire a aussi vu des joueurs servettiens venir jouer à Tourbillon. Récemment, il y a eu Xavier Kouassi, Vincent Rüfli ou Ishmael Yartey. Mais aucun n’a marqué le FC Sion comme l’a fait Goran Obradovic. «Ça m’a fait mal au cœur de le voir partir pour le club ennemi. C’est comme si aujourd’hui, Miroslav Stevanovic signait en Valais. Ce serait… terrible !» Que le Chablaisien se rassure, l’ailier bosnien vient de prolonger jusqu’en 2025 à la Praille. Quant au prochain derby du Rhône, il est agendé au 24 octobre. Une date déjà marquée au fer rouge (rouge grenat, évidemment) dans l’agenda de Steve Page.