Le perchiste Justin Fournier jongle entre le sport, l'armée et les études
Le jeune espoir du saut à la perche n'a pas le temps de souffler. En plein service militaire, il poursuit sa carrière sportive tout en gardant un pied à côté dans les études, un vrai jeu d'équilibriste.
À 19 ans, Justin Fournier a déjà un agenda bien rempli. D'abord, sur les pistes d'athlétisme, où il a connu un dernier été compliqué. En juin dernier, le Valaisan s'est sérieusement blessé à la retombée d'un saut effectué à l'entraînement. À peine sa saison lancée, il a donc été contraint d'observer une pause. Un moment pas évident à aborder, surtout qu'il venait de remporter une compétition quelques jours plus tôt, en Allemagne.
Une erreur de concentration qui lui aura finalement coûté cher. Sur le carreau, il a pu compter sur son expérience, lui qui avait déjà connu une blessure de gravité similaire. "L’expérience de ma première blessure m’a évidemment aidé. Objectivement, je ne l’avais pas du tout bien gérée à l’époque. J’ai appris et j’ai essayé de ne pas commettre les mêmes erreurs. J’ai mis en place des entraînements alternatifs pour garder la forme, en vue des championnats du monde junior quelques semaines plus tard".
Deux importants pépins physiques à seulement 19 ans, Justin Fournier aurait pu croire que le sort avait décidé de s'abattre sur lui, jusqu'au point de le démotiver de la compétition. "C’est clair qu’il faut garder la motivation et la discipline, mais le fait d’avoir ce gros objectif en ligne de mire m’a permis de faire le mieux et le plus possible. Je n’ai pas tout fait juste, mais j’ai beaucoup appris. Aujourd'hui, j’ai la chance de dire que cette blessure est derrière moi. Il y a eu toute une période de rééducation, de préparation pour que je puisse retourner sur une piste d’athlétisme. Maintenant, je peux me donner à 100% dans mes entraînements", se réjouit-il.
Le Japon, un voyage bouleversant
Remis de sa blessure, Justin Fournier a logiquement participé aux Championnats du Monde junior à Lima, son objectif principal de l'été. Un retour à la compétition qui ne s'est pas vraiment passé comme espéré, puisqu'il a mis un terme à sa saison dans la foulée, voyant qu'il n'était pas encore prêt physiquement. Le périple péruvien n’aura toutefois pas servi à rien, puisque le Valaisan a fait une rencontre bien surprenante.
Un choc des cultures qui a mis en exergue le gouffre qui sépare les structures d'entraînements entre la Suisse et le Japon. "Ici, c'est parfois compliqué de s'entraîner avec un groupe qui vise l'élite puisqu'il n'y a pas beaucoup de perchistes. Alors qu'à Toyko, je me retrouvais dans des immenses stades avec de nombreux athlètes qui avaient au moins un niveau national."
Si Justin Fournier a été surpris en bien par le niveau affiché par les sportifs japonais, ce n'est pas ce qu'il souhaite retenir en premier. "J'ai eu ce côté-là du voyage, et d'un autre côté, j'ai eu la chance de rencontrer une personne qui a lancé sa manufacture de perche. Depuis 2021, il crée des perches en fibre de verre. J'ai eu la chance de m'exercer avec son groupe d'entraînement, dans un jardin perdu. C'était un vrai moment où je me suis dit "Woaw, je suis à l'autre bout du monde et je suis en train de m'amuser dans un endroit pommé." C'était ce que je recherchais en allant là-bas. Je voulais retrouver le plaisir de la discipline, de sauter."
Macolin, l'équilibre parfait ?
Le sport d'un côté, les études de l'autre. Justin Fournier a empoché le printemps dernier sa maturité. Aujourd'hui, il a mis en pause son parcours scolaire afin d'effectuer le service militaire. Son talent et son statut d'espoir du saut à la perche lui ont permis d'intégrer le centre national du sport à Macolin. Cet établissement permet à quelques dizaines de sportifs d'effectuer leur obligation militaire, tout en bénéficiant d'infrastructures de hautes qualités. Un gros changement au quotidien pour lui. "Jusqu'à maintenant, je passais mes journées sur les bancs d'école. C'était assez compliqué pour la récupération. J'ai essayé d'adapter mon plan d'entraînement en fonction de ce programme scolaire. Après cinq ans de collège, j'ai réussi à trouver un rythme qui me convenait."
Rester assis durant toute une journée, c'est assurément le cauchemar de tous les sportifs de haut niveau au moment de la récupération. Pour Justin Fournier, c'est de l'histoire ancienne, en tout cas pour l'instant. "Aujourd'hui, ce rythme est un peu modifié par le début de l'armée. C'est vraiment une expérience incroyable. On bénéficie ici des meilleures infrastructures du pays. Je côtoie des sportifs de divers horizons, je peux échanger avec eux. J’apprends et me développe beaucoup humainement. La récupération ici est super, c'est un gros changement par rapport à avant", sourit-il.
Un nouveau cadre, de nouvelles ambitions
Malgré un été tumultueux, le perchiste de 19 ans a connu une promotion. Désormais, il fait partie du cadre national des moins de 23 ans. Une étape importante puisqu'il se retrouve dans l'antichambre du gratin mondial. "Je viens d'intégrer une nouvelle structure d'entraînement, je vais donc me laisser le temps de progresser, d'apprendre et de construire quelque chose. C'est une catégorie difficile qui fait le lien vers l'élite."
Priorité à l'adaptation, mais les objectifs restent quant à eux élevés. "Je vais faire des compétitions cet hiver, mais ça ne sera pas ma priorité. Dans mon agenda, il y a notamment les Championnats d'Europe U23 qui auront lieu en Norvège dans le courant du mois de juillet. Ce sera mon grand objectif de l'année prochaine, je serai l'un des plus jeunes de la catégorie, en affrontant d'ailleurs des athlètes qui ont participé aux derniers JO. D'un autre côté, j'ai un petit rêve dans un coin de ma tête. Il y aura les Championnats du Monde élite à Tokyo. Ce serait un rêve de retrouver toutes les personnes qui m'ont accueilli là-bas."