660 kilomètres à pied à travers le Valais : le Swiss Peaks Trail est prêt à lancer son nouveau défi
Parcourir plus 660 kilomètres au départ du Bouveret pour arriver...au Bouveret. Près de 170 coureurs se lanceront ce défi titanesque dès lundi soir en participant à la 660, la nouvelle épreuve proposée par les organisateurs du Swiss Peaks Trail.

"On ne réalise pas encore totalement, mais on est confiants. On se réjouit que ça parte." C'est par ces mots que les organisateurs du Swiss Peaks Trail définissent leur état d'esprit à cinq jours de donner le coup d'envoi de la 8ème édition de leur événement. Une édition marquée par une grande nouveauté. Un défi encore plus grand, encore plus fou, que les 360 kilomètres qui composaient jusque-là leur épreuve reine, celle menant les (ultra-)traileurs d'Oberwald au Bouveret. Cette fois, une véritable boucle est proposée entre le bout du lac et le fond de la Vallée de Conches. Départ du Bouveret lundi à 21h00, remontée du Rhône par la rive droite jusqu'à Oberwald puis retour au Bouveret par la rive gauche, en suivant le tracé habituel de la 360. 660 kilomètres de parcours, 49'000 mètres de dénivelé positif et pas moins de 78 communes valaisannes traversées : voilà pour les données de base de ce nouveau parcours titanesque.
Les dossards se sont arrachés
Au moment de présenter ce "nouveau bébé" il y a de ça une année, la présidente du Swiss Peaks Trail Noémie Voeffray-Remacle en était certaine : un public existait pour un effort aussi long. Douze mois plus tard, impossible de lui donner tort. "Deux jours après l'ouverture des inscriptions, nous avions déjà reçu 250 dossiers. Nous avons alors compris que nous n'avions pas le choix : nous devions organiser cette 660", sourit-elle. "Un engouement aussi incroyable était quand même une surprise. Parmi ces 250 dossiers, nous en avons sélectionné 170 et, finalement, ils seront 166 sur la ligne de départ lundi."
Pour limiter un maximum de risques, le comité d'organisation s'est ainsi réservé le droit de choisir les coureurs qui seraient autorisés à vivre ce véritable périple à travers le canton. "Chacun d'eux nous a envoyé un CV, comme s'ils postulaient pour un job. Nous avons retenu en priorité ceux qui ont déjà terminé une course de 300 kilomètres au minimum et nous nous sommes également intéressés au temps qu'ils ont mis pour en venir à bout. Nous avions à coeur de sélectionner des personnes vraiment aptes à tenir le choc sur une distance aussi unique au monde."
Une course en deux parties
Concrètement, les 166 courageux (parmi lesquels 13 femmes seulement) qui tenteront de relever ce challenge hors normes vivront une course en deux temps. L'aller entre Bouveret et Oberwald ne sera ainsi pas chronométré. Les temps seront pris en compte uniquement sur le trajet retour à l'occasion duquel les participants à la 660 courront à côté de ceux de la 360. "Nous ne voulions pas étendre davantage encore le travail de nos bénévoles", explique Noémie Voeffray-Remacle. "Si tout avait été chronométré, nous aurions dû les mobiliser durant huit jours non-stop par poste. Ce n'était juste pas possible d'un point de vue organisationnel. Sur le plan sécuritaire, nous voulions également canaliser les coureurs sur cette première partie. L'objectif est qu'ils soient suffisamment bien après 300 kilomètres pour attaquer les plus de 300 suivants." Des contrôles médicaux seront d'ailleurs effectués au moment du regroupement avant de lancer la 2ème partie de course. Le suivi sera même continu pour éviter toute mauvaise surprise.
Une nouvelle application de lois qui aurait pu coûter cher
"Nous ne pouvons pas répondre rapidement à cette question", se marre Julien Voeffray lorsqu'on demande au chef de course du Swiss Peaks Trail de lister les difficultés à surmonter pour mettre sur pied une telle épreuve. "Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur plusieurs années de bonne collaboration avec les communes et le canton. La clé du succès était de se réunir pour trouver, ensemble, des solutions." Le principal obstacle rencontré par les organisateurs cette année concernait la nouvelle application des lois fédérales sur les districts francs, ces zones de protection des différentes espèces de faunes et de leurs habitats. Il a ainsi fallu se battre pour obtenir toutes les autorisations nécessaires, quitte à revoir le tracé par endroit. La 660 devrait ainsi se parcourir sur...690 kilomètres, la 360 sur 380.
"C'est un effort de longue haleine qui nous a permis d'aller au bout de notre projet", affirme Noémie Voeffray-Remacle. "Le travail effectué depuis un an n'est même pas descriptible. Le fait d'être sereins sur l'organisation de notre 360 qui roule depuis des années nous a donné confiance. Partir d'une feuille blanche aurait été impossible." Si cette édition 2024 du Swiss Peaks Trail donnera lieu à un record en termes de kilomètres effectués, elle sera aussi celle de tous les records au niveau de la fréquentation. "On a tendance à dire ça chaque année, mais la participation ne cesse d'augmenter au fil du temps. Après le covid, les gens ont regagné les montagnes et se sont remis au trail", relève Julien Voeffray. "Notre ADN, notre ambiance familiale et le fait que le coureur soit au centre de notre attention attire de plus en plus de monde. Beaucoup fuient les courses très fréquentées ou sur lesquelles les frais d'inscriptions sont importants."
De grands noms au rendez-vous
Plusieurs noms importants du monde du trail s'aligneront ainsi sur l'un des tracés du Swiss Peaks. Outre la 660 et la 360, des courses plus courtes de 170, 100, 70, 44.6 et 21 kilomètres sont prévues d'ici au 8 septembre. "Que ce soit sur des petits ou des longs formats, nous attirons des athlètes de très haut niveau", se réjouit Julien Voeffray. "Je pense notamment à Dawa Sherpa, le Népalais qui est un mythe du trail et qui a notamment remporté la première édition de l'UTMB. La cerise sur le gâteau est tombée il y a quelques jours lorsque nous avons découvert un peu par hasard que l'Américaine Courtney Dauwalter, la plus grande traileuse de l'histoire avait décidé de s'inscrire tout discrètement sur la 70 chez nous. C'est surprenant, flatteur et nous sommes fiers de pouvoir leur faire découvrir notre magnifique canton."
À l'heure d'aborder cette édition 2024, les organisateurs du Swiss Peaks Trail se projettent déjà en partie sur l'avenir. "L'événement peut encore se développer", estime Noémie Voeffray-Remacle qui refuse toutefois de voir trop grand.