Forum Handicap Valais dénonce les critères de triage Covid
La faîtière valaisanne des organisations de personnes handicapées adopte les positions d’Inclusion Handicap. Elle estime que les nouveaux critères sont discriminants. Des modifications ne sont pas exclues.
Forum Handicap Valais dénonce une discrimination. L’association s’oppose aux nouveaux critères de triage en cas de surcharge des soins intensifs. Ces critères ont été établis par l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM) et la Société suisse de médecine intensive (SSMI). Ils reposent sur le principe du pronostic à court terme. La troisième version a été publiée le 4 novembre dernier.
Une échelle de mesure très critiquée
Pour évaluer le pronostic à court terme, les auteurs des directives ont instauré l’échelle de fragilité clinique. Celle-ci est très critiquée à l’étranger, surtout en Allemagne, en Grande-Bretagne et au Canada. Elle comporte neuf niveaux de fragilité, déterminés notamment par la dépendance des personnes à l’aide de tiers. Par exemple, en cas de manque de lits de soins intensifs, les plus de 65 ans qui ont besoin d’aide pour leurs activités extérieures, leur toilette et l’entretien de leur maison seraient refusés.
Inclusion Handicap considère que l’échelle de fragilité est discriminatoire. « Il y a de nombreuses personnes handicapées qui, en raison de leur handicap, même si leur santé est stable, sont dépendantes de l’aide de tiers. Donc appliquer cette échelle, ça conduit à ne pas admettre, de manière disproportionnée, les personnes handicapées aux soins intensifs », explique Caroline Hess-Klein, responsable du département Egalité chez Inclusion Handicap. Celle-ci se dit consciente de la nécessité de faciliter le travail du personnel infirmier, mais cela ne soit se faire à n’importe quel prix.
De son côté, Forum Handicap Valais emboîte le pas de l’organisation nationale. Sa présidente, Maud Theler, ne souhaite pas rajouter de l’huile sur le feu. Toutefois, elle déplore la confusion provoquée par l’échelle de fragilité : « Ce n’est pas forcément parce qu’on a besoin d’aide dans sa vie quotidienne qu’on a plus de risques de ne pas s’en sortir. Donc, c’est une manière de discriminer les gens. »
Des modifications sont envisageables
L’ASSM et la SSMI comprennent les craintes des associations d’aide aux personnes handicapées. Les auteurs des critères de triage assument leurs choix. Selon eux, l’échelle de fragilité clinique est une bonne solution. « Il a été démontré que cette échelle, en soi, permet de prédire le pronostic à court terme. C’est pour ça que nous l’avons choisie. Ce n’est pas un jugement de valeur. C’est un jugement basé sur des évidences scientifiques et c’est la même chose pour l’âge », précise Thierry Fumeaux, président sortant de la SSMI.
Selon Thierry Fumeaux, des mises à jour ne sont pas à exclure. Le médecin affirme tenir compte de toutes les remarques. Cependant, seules des modifications significatives pourraient pousser les deux organisations médicales à apporter des changements. Des discussions avec les associations d’aide aux personnes handicapées devraient intervenir prochainement.