Trois morts dans un attentat à Vienne
Des fusillades sèment la terreur à Vienne: au moins trois morts
Une attaque terroriste a fait trois morts, deux hommes et une femme, lundi soir à Vienne. L'assaillant, tué par la police, était un sympathisant de l'État islamique (EI), ont indiqué mardi matin les autorités autrichiennes.
"Les indices recueillis montrent clairement que c'est une personne radicalisée qui se sentait proche de l'EI, a déclaré le ministre de l'intérieur, Karl Nehammer, mardi matin lors d'une conférence de presse dans la capitale.
Les enquêteurs ont accédé à son logement en forçant la porte avec des explosifs, a-t-il précisé, sans souhaiter donner davantage de détails sur le profil de l'attaquant. "Lourdement armé", il était équipé d'un fusil d'assaut et d'une ceinture d'explosifs qui s'est révélée factice, selon le ministre.
M. Nehammer, qui avait affirmé auparavant qu'au moins un autre suspect était en fuite, a dit partir du principe qu'ils étaient "plusieurs" sans pouvoir formellement l'assurer. Les enquêteurs tentent de déterminer s'il est possible qu'il n'y en ait eu qu'un seul, alors "que les tirs ont eu lieux en différents endroits", a-t-il souligné.
Deux hommes et une femme sont décédés au cours de cette attaque et 15 autres personnes ont également été blessées, dont un policier, selon les derniers éléments fournis par les forces de l'ordre. L'une des victimes était un passant et une autre une femme décédée de ses blessures, selon la chaîne de télévision publique ORF.
Les fusillades ont éclaté en début de soirée, à quelques heures de l'entrée en vigueur d'un reconfinement de l'Autriche pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Le drame s'est déroulé en plein coeur de la ville, près d'une importante synagogue et de l'opéra. "Six différents lieux" ont été visés, a précisé la police.
"À ce stade, il n'est pas possible de dire si la synagogue" était la cible des tireurs, a réagi Oskar Deutsch, le président de la communauté israélite de Vienne (IKG).
Un des agresseurs a été abattu par la police, intervenue rapidement sur les lieux et dont l'un des membres a été blessé. Le maire de la ville a par ailleurs fait état de quinze personnes hospitalisées, dont sept dans un état grave.
Sur place, les forces de police se sont mobilisées en nombre pour sécuriser les lieux, a constaté l'AFP, tandis que des passants prenaient la fuite. Peu de temps après, les spectateurs de l'opéra quittaient sous escorte la représentation, la dernière avant le confinement.
Les autorités ont appelé les habitants à faire montre de prudence. "Restez à la maison! Si vous êtes dehors, réfugiez-vous quelque part! Restez loin des lieux publics! N'utilisez pas les transports!", a lancé la police sur son compte Twitter.
Des policiers et des soldats ont été mobilisés pour protéger les bâtiments importants de la capitale et les enfants ont été dispensés d'école mardi.
Un témoin, interrogé sur une chaîne de télévision, a dit avoir vu "courir une personne avec une arme automatique". Un autre témoin a fait état "d'au moins 50 coups de feu". Selon le témoignage d'une jeune femme recueilli par l'AFP, le quartier a été aussitôt bouclé. Les clients des restaurants et bars du quartier se trouvaient toujours confinés à l'intérieur en milieu de nuit.
Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a dénoncé "une attaque terroriste répugnante". "Nous ne nous laisserons jamais intimider par le terrorisme et nous combattrons ces attaques avec tous nos moyens", a-t-il affirmé.
L'Union européenne a elle aussi fustigé "avec force" cette "horrible attaque", selon les mots du président du Conseil européen Charles Michel, évoquant "un acte lâche" qui "viole la vie et nos valeurs humaines". Pour sa part, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a écrit, également sur Twitter: "L'Europe est totalement solidaire de l'Autriche. Nous sommes plus forts que la haine et la terreur".
"Nos ennemis doivent savoir à qui ils ont affaire. Nous ne céderons rien", a réagi de son côté le président français Emmanuel Macron. L'Allemagne a aussi fait part de sa solidarité.
Cette nouvelle attaque, dans une ville où la criminalité est habituellement très faible, intervient dans un climat très tendu en Europe. En France, trois personnes ont été tuées jeudi dans une attaque au couteau à la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption de Nice (sud-est) par un jeune Tunisien fraîchement arrivé en Europe.
Quelques jours auparavant, la décapitation d'un professeur d'histoire, qui avait montré des caricatures de Mahomet à ses élèves dans un cours sur la liberté d'expression, avait choqué au-delà de la France.
L'Autriche avait été, jusqu'ici, relativement épargnée par la vague d'attentats islamistes survenue en Europe ces dernières années.
En mars 2018, un jeune homme, sympathisant islamiste selon la police, avait attaqué au couteau un membre des forces de l'ordre devant l'ambassade d'Iran à Vienne avant d'être abattu. En juin 2017, un homme né en Tunisie avait tué un couple âgé à Linz. Il avait expliqué avoir voulu faire un exemple, car il se sentait discriminé en tant qu'étranger et musulman.