Tirs meurtriers sur des hôpitaux selon des officiels palestiniens
Des frappes et des tirs meurtriers dans le nord de la bande de Gaza ont touché vendredi, selon des responsables palestiniens, une école et des hôpitaux où les civils cherchent refuge pour échapper aux combats et aux bombardements israéliens.
Le mouvement islamiste Hamas a fait état de 13 morts dans une frappe sur le complexe de l'hôpital d'Al-Shifa dans la ville du Gaza, le plus grand du territoire palestinien qu'il a attribuée à Israël, comme le directeur de l'hôpital. Celui-ci a affirmé que l'hôpital avait reçu "une cinquantaine de corps après le bombardement vendredi matin d'une école" de la ville accueillant des déplacés.
L'armée israélienne avait indiqué jeudi soir qu'une de ses divisions menait d'importantes opérations dans une zone "très très proche" de l'hôpital. Elle a affirmé vendredi qu'elle "tuerait" les combattants du Hamas "qui tirent à partir des hôpitaux" à Gaza.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a répété qu'Israël ne cherchait pas à "gouverner ou occuper" la bande de Gaza, d'où Israël s'est retiré en 2005, plus d'un mois après le début de la guerre avec le Hamas qui a conduit à une situation humanitaire dramatique dans ce territoire assiégé.
Appel à arrêter le "carnage"
Le directeur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a appelé vendredi à l'arrêt du "carnage" dans la bande de Gaza. "Raser des quartiers entiers n'est pas une réponse aux crimes odieux commis par le Hamas. Au contraire, cela crée une nouvelle génération de Palestiniens lésés, susceptibles de perpétuer le cycle de la violence. Le carnage doit simplement cesser", a-t-il déclaré dans une tribune de presse.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas ont mené sur le sol israélien une attaque sanglante contre des civils d'une ampleur et d'une violence jamais vues depuis la création d'Israël en 1948. En représailles, Israël a déclaré une guerre pour "éradiquer" le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, pilonnant sans relâche le territoire.
Depuis, les bombardements israéliens ont fait 11'078 morts, essentiellement des civils, parmi lesquels 4506 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas. Du côté israélien, au moins 1400 personnes ont péri depuis le début de la guerre, selon les autorités, en majorité des civils. En outre, 239 otages sont retenus par le Hamas à Gaza, selon l'armée israélienne.
L'armée a annoncé vendredi que 37 soldats avaient été tués depuis le début de son offensive terrestre à Gaza le 27 octobre.
"Quartier militaire" du Hamas
Alors que les troupes au sol israéliennes sont appuyées par des bombardements, l'armée a dit viser notamment un "quartier militaire", adjacent à l'hôpital d'Al-Shifa, décrit comme le "coeur" des activités opérationnelles et de renseignement du Hamas.
Ces derniers jours, l'armée israélienne a annoncé mener des combats acharnés contre le Hamas dans la ville de Gaza, où se trouve selon elle le "centre" de l'infrastructure du mouvement islamiste, retranché dans un réseau de tunnels.
"Treize martyrs et des dizaines de blessés dans une frappe israélienne sur le complexe d'Al-Shifa aujourd'hui", a déclaré vendredi Salama Maarouf, le patron du bureau de presse du Hamas. Le directeur de l'hôpital, Mohammed Abou Salmiya, a parlé de tirs de chars israéliens sur la maternité.
Depuis des années, Israël accuse le Hamas d'utiliser les hôpitaux pour mener des attaques ou cacher des tunnels, et les civils comme boucliers humains.
"Les chars israéliens assiègent quatre hôpitaux de l'ouest de la ville de Gaza", mettant en danger des dizaines de milliers de patients et de déplacés qui y ont trouvé refuge, a affirmé vendredi le ministère de la Santé du Hamas. Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué que des snipers israéliens tiraient vendredi sur l'hôpital al-Quds, parlant d'au moins un mort.
"La destruction des hôpitaux à Gaza devient insupportable et doit cesser", a affirmé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ajoutant que le système de santé a atteint un "point de non-retour".
Israël a accepté de faire des "pauses" humanitaires quotidiennes pour permettre aux civils de fuir le nord de la bande de Gaza, où les combats sont les plus intenses, vers le sud, selon les Etats-Unis. L'armée avait ouvert "un couloir d'évacuation" dimanche, mais des Palestiniens ont témoigné de combats persistants le long de cette route, empruntée par 100'000 personnes depuis mercredi, selon les données de l'armée israélienne et du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
"Pas d'eau"
Vendredi, plusieurs dizaines de milliers de civils se dirigeaient vers le sud de la bande de Gaza, selon les autorités israéliennes. Des centaines de milliers de réfugiés sont désormais entassés dans le sud du petit territoire, dans des conditions désastreuses.
Selon l'Ocha, le nombre de déplacés s'élève désormais à 1,6 million de personnes sur les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza. L'étroit territoire est privé d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre.
Dans le nord, où demeurent encore des centaines de milliers de personnes, "le manque de nourriture est de plus en plus préoccupant", s'inquiète l'ONU.
Alors que l'armée israélienne opère dans la bande de Gaza, des roquettes continuent d'être tirées quotidiennement depuis ce territoire vers Israël, où des sirènes ont retenti vendredi à Tel-Aviv. La branche militaire du Hamas a dit avoir visé cette ville avec des roquettes. Selon la défense anti-aérienne israélienne, environ 9.500 roquettes ont été lancées vers Israël depuis le 7 octobre, la plupart interceptées.
Le spectre d'une escalade du conflit
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir une nouvelle fois à propos de Gaza vendredi, à la veille d'une réunion à Ryad de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) qui craignent une escalade du conflit.
Israël a frappé en Syrie vendredi à l'aube en réponse à un drone qui s'est abattu jeudi sur une école à Eilat (sud), sans faire de victime, a indiqué l'armée israélienne.
L'armée a également indiqué "poursuivre ses opérations pour détruire les infrastructures" du Hezbollah au Liban, avec lequel les échanges de tirs sont quotidiens. Le mouvement pro-iranien a fait état vendredi de la mort de sept de ses combattants tués par Israël.