Réunion sur le Nagorny Karabakh à Genève
Karabakh: réunion à Genève entre Bakou et le Groupe de Minsk
Une première réunion sur le Nagorny Karabakh a été organisée à Genève. Le chef de la diplomatie azerbaïdjanaise Ceyhun Bayramov a expliqué jeudi la position de son pays, convié par la France, la Russie et les Etats-Unis, coprésidents du Groupe de Minsk.
Et cette rencontre a démarré dans l'après-midi, a affirmé à Keystone-ATS une source proches des discussions. Secrète, elle avait toutefois été annoncée dès mercredi soir par la France. Aucun dialogue entre Bakou et Erevan n'était en revanche prévu à Genève.
Une porte-parole de la diplomatie arménienne, citée par l'AFP, l'avait exclu dès mercredi parce qu'"on ne peut pas d'une main négocier et de l'autre mener des opérations militaires". "C'est important de montrer notre disponibilité", a dit de son côté à Keystone-ATS une source gouvernementale azerbaïdjanaise qui déplore que l'Arménie ait refusé de venir à Genève.
Le chef de la diplomatie arménienne doit lui être reçu lundi à Moscou par son homologue russe Sergueï Lavrov, avant peut-être l'ouverture de négociations. Toutes les propositions sur la table n'envisagent pas d'autre scénario que de mettre un terme "à l'occupation" arménienne dans le Nagorny Karabakh, comme demandé par plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU il y a plus de 25 ans, ajoute la source azerbaïdjanaise.
"Si l'Arménie n'est pas prête à le faire, il n'y a pas de bonne raison pour un cessez-le-feu", dit-elle également. Tout en précisant que Bakou a insisté "depuis le début" sur l'importance de pourparlers. Les coprésidents souhaitent un cessez-le-feu entre les deux Etats pour pouvoir revenir à des discussions formelles pour une solution aux divisions sur la région.
Sur place, Arméniens et Azerbaïdjanais poursuivaient les combats jeudi au Nagorny Karabakh. La capitale du territoire séparatiste, Stepanakert, ainsi que des zones habitées en Azerbaïdjan ont de nouveau été frappées dans la journée, selon les autorités locales.
A Choucha, à une quinzaine de kilomètres au sud de Stepanakert, la cathédrale, qui revêt une grande signification historique, a été à deux reprises atteinte par des bombes en l'espace de quelques heures. Si le premier bombardement n'a pas fait de victimes, des journalistes russes et locaux ont été blessés pendant le deuxième, dont un grièvement.
Ils s'étaient rendus sur place pour "constater les résultats de l'attaque du matin", a expliqué le gouvernement arménien, précisant que l'un d'eux était actuellement "en train d'être opéré". Après le premier tir, un correspondant de l'AFP a constaté d'importants dégâts: un large trou dans le toit, les vitraux soufflés et les bancs renversés au milieu des gravats et de la poussière.
La cathédrale avait déjà été reconstruite dans les années 1990 après la première guerre du Nagorny Karabakh, qui avait fait 30'000 morts, lors de la chute de l'URSS. Les Arméniens avaient érigé cette cathédrale en symbole. L'armée azerbaïdjanaise a démenti avoir tiré sur l'édifice, affirmant ne pas viser "les bâtiments et monuments historiques, culturels et tout particulièrement religieux".
L'Azerbaïdjan a en revanche accusé les séparatistes d'avoir "fait feu sur les zones habitées" de son territoire. Deux civils ont été tués dans ces frappes, a affirmé Bakou. Comme depuis le début des hostilités, nombre d'habitants écartent toujours toute idée de départ.
"Dans la nuit, on a entendu des bruits de bombardements, on a d'abord pensé que les nôtres tiraient sur l'ennemi. Puis un éclat est tombé sur la maison et on a compris que c'était l'inverse. On est vite descendus au sous-sol", raconte Madat Atakichiev, un représentant local des autorités.
Selon les autorités séparatistes, la moitié des quelque 140'000 habitants du Nagorny Karabakh ont déjà été déplacés par ces affrontements qui durent depuis 12 jours. Le bilan officiel des hostilités est de 300 à 400 morts, dont une cinquantaine de civils, mais il reste très partiel, l'Azerbaïdjan n'annonçant pas ses pertes militaires et les belligérants affirmant avoir chacun éliminé des milliers de soldats ennemis.
A l'étranger, la crainte est de voir ce conflit s'internationaliser dans une région où Russes, Turcs, Iraniens et Occidentaux ont tous leurs intérêts. D'autant qu'Ankara encourage Bakou à l'offensive et que Moscou est lié par un traité militaire à Erevan.
La Turquie est déjà accusée de participer avec hommes et matériel aux hostilités. Quant à Vladimir Poutine, il a prévenu que si les affrontements s'étendaient au territoire arménien, Moscou remplirait ses "obligations" découlant de son alliance avec Erevan.
Dans ce contexte, l'Azerbaïdjan a rappelé son ambassadeur à Athènes en réponse à une décision similaire de la Grèce. Bakou avait demandé à ce pays d'enquêter sur l'arrivée au Nagorny Karabakh en provenance de son territoire d'Arméniens souhaitant combattre, des "allégations insultantes", selon les Grecs.