Procès d'une militante antispéciste à Nyon
Une médiatique activiste antispéciste en jugement à Nyon
L'activiste antispéciste Virginia Markus est jugée jeudi à Nyon pour diverses actions dont le vol de 42 animaux. La justice lui reproche aussi la prise illégale d'images dans un abattoir de Rolle.
Cette Genevoise de 30 ans, désormais domiciliée dans les Alpes vaudoises où elle tient un refuge pour animaux, est principalement jugée pour vol, violation du domaine secret ou du domaine privé au moyen d'un appareil de prise de vue, contrainte, violation de domicile et empêchement d'accomplir un acte officiel.
La prévenue est arrivée jeudi matin au Tribunal de la Côte au bras de son compagnon Pierrick Destraz, fils du chanteur Henri Dès. A l'appel de l'association "Empathie et Altruisme", une manifestation de soutien avait été organisée pour l'accueillir. Une vingtaine de jeunes activistes animalistes y ont participé sous une banderole indiquant: "Elle a sauvé la vie d'innocents. Elle a montré la réalité au public... Criminelle ou héroïne ?"
L'accusée reconnaît l'intégralité des faits. Une nuit de mars 2018, accompagnée de deux complices jugées séparément, elle a volé 18 cabris aux abattoirs "Le Carre" de Rolle. L'année précédente, elle s'était introduite au sein de ces abattoirs pour installer des caméras cachées filmant l'activité des bouchers. Ces images avaient notamment mis en lumière un égorgement sans étourdissement. Elles avaient été publiées sur internet puis diffusées sur la RTS.
En avril 2019, Virginia Markus a ensuite volé 24 poules chez Micarna SA à Vernayaz (VS). La justice lui reproche aussi d'avoir participé en 2018 à Aubonne (VD) à une chaîne humaine entravant la circulation lors d'une manifestation antispéciste non autorisée. Il lui est aussi reproché de s'être introduite la même année en compagnie de 130 autres militants au sein de l'entreprise Bell à Oensingen (SO).
"Mes vidéos n'avaient pas pour but d'incriminer un abattoir ou un boucher en particulier, mais de montrer comment se passe l'abattage des animaux dans les petits abattoirs de village dans lesquels les gens ont confiance", a argumenté l'accusée. "Le problème éthique est le principe même de l'abattage et pas seulement le respect des normes. Informer le grand public est un devoir de citoyen impossible sans caméra- cachée", a-t-elle ajouté.
La militante estime que seules de telles actions peuvent déboucher sur le changement de société qu'elle appelle de ses vœux. Pour elle, ses vols sont des "libérations".
Concernant les 18 cabris volés, Virginia Markus concède seulement que 17 sont toujours vivants. "Je ne donnerai aucuns autres détails sur ces animaux, sur les familles d'accueil qui les ont recueillis ni sur les lieux où ils se trouvent", a-t-elle asséné.
La trentenaire profite de son procès pour diffuser sa vision des choses. "Les êtres humains n'ont pas la nécessité vitale de se nourrir de produits issus des animaux pour être en bonne santé. Cela nous donne une responsabilité vis-à-vis de ces populations qu'on opprime en toute conscience. Notre responsabilité est de choisir de ne pas faire souffrir ces animaux", a-t-elle affirmé.
Le procès se poursuit jeudi après-midi. Le verdict sera rendu le 19 novembre. Selon le Code pénal, la prévenue encourt théoriquement un maximum de cinq ans de prison pour les seuls vols.