Prison avec sursis requise contre M. Maudet
Peine de prison avec sursis réclamée contre Pierre Maudet
Le premier procureur Stéphane Grodecki a demandé mercredi au Tribunal de police de Genève de condamner Pierre Maudet à 14 mois de prison avec sursis pour acceptation d'avantages. Il n'a retenu aucune circonstance atténuante en faveur du conseiller d'Etat.
Dans son réquisitoire, le représentant du Ministère public a longuement disserté sur ces cadeaux qui servent à mettre de l'huile dans les rouages. Pour lui, le voyage à Abu Dhabi, que le conseiller d'Etat genevois a effectué avec sa famille et son ancien chef de cabinet, en 2015, entre incontestablement dans cette catégorie.
Le séjour dans un luxueux palace est mis sur pied par deux amis hommes d'affaires de Pierre Maudet. La facture a été payée par la famille royale émiratie.
Pour un agent public, se faire offrir des cadeaux pour faire son travail, c'est une infraction pénale, a rappelé M. Grodecki devant le Tribunal de police de Genève. Et ces libéralités posent problème même si aucune contrepartie n'est exigée. Le retour d'ascenseur pourrait d'ailleurs très bien intervenir plusieurs années après.
La valeur de ce voyage dans le Golfe, qui comprenait notamment des places en loge pour assister au Grand Prix de Formule 1 d'Abu Dhabi, a été estimée à 50'000 francs. Ce montant crève le plafond de ce qui est acceptable, a souligné le procureur. Il a rappelé qu'un agent public pouvait recevoir un cadeau ne dépassant pas 150 francs.
Pierre Maudet a été invité par la famille royale d'Abu Dhabi parce qu'il est conseiller d'Etat. Si sa femme a été invitée, c'est parce qu'il est conseiller d'Etat. Si son chef de cabinet Patrick Baud-Lavigne a été invité, c'est parce qu'il est conseiller d'Etat, a insisté M. Grodecki.
L'idée de ce voyage, c'était d'en mettre plein les yeux, a poursuivi le procureur. Il s'agissait pour Antoine Daher et Magid Khoury d'entretenir une relation. Après ce séjour, M. Grodecki a compté pas moins de 16 sollicitations de ces deux entrepreneurs, amis de Pierre Maudet, notamment auprès de l'ancien chef de cabinet du magistrat.
Avec la même idée derrière la tête, soit de mettre de l'huile dans les rouages et d'avoir des facilités d'accès à l'administration, selon le procureur. Les deux hommes d'affaires ont financé un sondage devant servir à la campagne électorale de Pierre Maudet, en 2017.
Puis, cette huile dans les rouages a débordé pour servir à contourner les processus administratifs. Le procureur donne l'exemple de l'ouverture du bar L'Escobar, un établissement dans lequel Antoine Daher avait investi. L'autorisation d'exploitation du bar a été délivrée malgré un dossier incomplet.