Préparation des pandémies renforcée à l'OMS
La Suisse offre à l'OMS un site pour stocker les pathogènes
La Suisse étend son action internationale face au Covid. Elle a proposé à l'OMS un laboratoire pour stocker des composantes pathogènes. Les membres de l'organisation ont approuvé vendredi une résolution pour mieux faire appliquer le Réglement sanitaire international.
"La pandémie a montré un besoin urgent d'un système de partage de matériel pathogène et d'échantillons cliniques mondialement approuvé", a affirmé le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus. Celui-ci devra permettre de lancer rapidement des dispositifs médicaux comme "biens publics mondiaux", a-t-il ajouté dans son discours au terme de l'Assemblée mondiale de la santé.
Ces derniers mois, des critiques ont ciblé plusieurs acteurs sur le partage de ces composantes face au Covid. Un mécanisme "ne peut être établi bilatéralement et on peut pas négocier pendant des années", insiste M. Tedros.
L'OMS a proposé un dépôt mondial en Suisse de ce matériel pathogène qui rassemblerait des composantes alimentées volontairement par les Etats. L'organisation faciliterait leur partage en fonction d'un certain nombre de critères.
Pour appliquer cette approche, la Suisse a proposé d'offrir un laboratoire P4 sécurisé. M. Tedros a remercié vendredi le conseiller fédéral Alain Berset pour cette initiative. Deux pays ont eux déjà promis de donner leur matériel pathogène et d'autres pourraient les rejoindre.
Egalement vendredi, les membres de l'organisation ont décidé de renforcer la préparation face aux prochaines pandémies. Validée en commission pendant la semaine, une résolution a été avalisée en plénière de l'Assemblée mondiale de la santé. Si elle ne change pas vraiment les dispositifs déjà en vigueur, elle réaffirme l'importance du Réglement sanitaire international, ciblé par plusieurs pays depuis le début de la pandémie.
Avec cette résolution, la communauté internationale appelle à garantir que les Etats soient mieux équipés pour détecter et répondre à des situations comme la pandémie actuelle. Sans attendre l'approbation, M. Tedros s'était félicité dès mardi après la décision en commission.
Le scénario d'un mécanisme d'évaluation de chaque Etat par ses pairs, comme au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, semble avancer. Plusieurs pays l'approuvent, la Suisse se penche sur lui et les Etats-Unis ont estimé qu'il pourrait être utile.
Washington a à nouveau ciblé l'OMS que le président Donald Trump a visée à plusieurs reprises depuis le début de la pandémie. Un de ses représentants a déploré que le "cahier des charges" de la mission internationale en Chine chargée d'établir l'origine du virus n'ait pas été discuté avec les Etats membres. Il a affirmé que celui-ci violait la résolution qui a mandaté ces experts.
Mais l'élection annoncée de Joe Biden comme prochain président américain semble apaiser M. Tedros qui a félicité le démocrate à plusieurs reprises depuis une semaine. Le directeur général, sans mentionner M. Trump, a dénoncé le "déni" et "l'ignorance délibérée" face au Covid-19, appelant à l'unité et à la collaboration.
Ecourtée et axée seulement sur le coronavirus en mai, l'Assemblée mondiale de la santé aura pu aborder d'autres défis cette semaine, même si la pandémie est restée au centre des discussions. Un plan de dix ans contre des maladies négligées ou encore un code international sur le personnel de santé ont été notamment validés lors de la réunion.
Les travailleurs de santé seront honorés en 2021. Les Etats membres ont décidé de faire de l'année prochaine une année internationale en leur hommage. La pandémie a aussi montré que la santé ne doit pas être vue comme "un coût" mais comme un "investissement", affirme M. Tedros. Il a annoncé le lancement d'un conseil sur l'économie de la santé pour tous. Une première réunion doit avoir lieu dans les prochaines semaines entre membres de ce mécanisme.