Les turbulences financières créent des risques pour l'économie
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a estimé que les récentes tensions autour du secteur bancaire engendraient de "nouveaux risques" pour l'économie, au moment où l'institut monétaire a encore du "chemin à faire" pour combattre l'inflation.
Les turbulences financières liées aux récentes défaillances de plusieurs banques ont engendré de "nouveaux risques à la baisse" pour l'économie, a déclaré mercredi Mme Lagarde lors d'un forum à Francfort.
"Face à des chocs qui s'accumulent et à une géopolitique changeante, le degré d'incertitude devrait rester élevé", a-t-elle ajouté.
Le scénario de l'institution d'un retour de l'inflation vers 2% en 2025, s'il se confirme, montre qu'il y a "du chemin à faire pour contenir les pressions inflationnistes", a souligné la présidente de la Banque centrale européenne (BCE).
La BCE a remonté ses taux d'intérêt à une vitesse inédite, les relevant de 350 points de base depuis juillet, pour tenter de contenir une inflation ayant atteint un pic supérieur à 10% en octobre, dans le sillage de l'invasion russe en Ukraine.
"Toutefois, l'inflation demeure forte et l'incertitude quant à son évolution s'est accentuée", nécessitant d'avoir "une stratégie robuste pour la période à venir", a martelé l'ancienne ministre de l'Economie.
Le pari d'un retour à la stabilité des prix, définie par un taux d'inflation de 2% à moyen terme, est encore loin d'être gagné: les tensions sur les prix "se sont répandues" avec une inflation "sous-jacente", excluant les secteurs de l'énergie et de l'alimentation, qui oscille actuellement "entre 4 et 8%", selon Mme Lagarde.
Il était donc nécessaire de porter les taux à des niveaux "suffisamment restrictifs, afin de freiner la demande", selon elle. Ce processus "ne commence à prendre effet que maintenant", a-t-elle prévenu.
Pour la suite du resserrement des vannes du crédit, la BCE a abandonné ses anticipations et veut se fier aux données du moment quand elle réunira son Conseil des gouverneurs.
"Autrement dit, ex ante, nous ne nous engageons ni à continuer d'augmenter les taux, ni à mettre fin aux hausses", a précisé Mme Lagarde.
Une certitude selon elle: "Il n'y a pas de contradiction entre la stabilité des prix et la stabilité financière".
Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, a également mis en exergue le dilemme auquel sont confrontées les banques centrales, décrivant "un difficile exercice d'équilibre".
"Nous devons naviguer entre le risque de ne pas réagir suffisamment, ce qui pourrait prolonger les effets inflationnistes des chocs, et celui de réagir de manière excessive, ce qui pourrait transformer la volatilité en instabilité", a expliqué au cours du même forum ce responsable, partisan d'une politique monétaire souple.
Il a également souligné la difficulté d'augmenter les taux d'intérêt tout en réduisant les liquidités par le biais d'un "resserrement quantitatif", soulignant qu'il n'y avait pas de précédent permettant d'anticiper les effets combinés de ces deux mesures.
Cela pourrait "rendre l'ajustement de la politique plus cahoteux", a ajouté M. Panetta.
Ce resserrement quantitatif, autre outil anti-inflation de la BCE, consiste à réduire la taille de son bilan gonflé par des années de mesures de soutien à l'économie.
Des crises inattendues, comme celle de la faillite récente de la Silicon Valley Bank aux Etats-Unis", montrent que des changements soudains de politique monétaire peuvent "même donner lieu à de graves tensions financières", a-t-il observé.