Les restaurateurs genevois en colère
En colère, les restaurateurs genevois manifestent pour rouvrir
Près de 600 personnes ont manifesté jeudi après-midi sur la Plaine de Plainpalais à l'appel de la Société des cafetiers restaurateurs et hôteliers de Genève (SCRHG). Le rassemblement visait à exiger la réouverture immédiate de tous les commerces.
"Les aides ne correspondent pas à nos besoins", a déclaré Laurent Terlinchamp, président de la SCRHG. "Le Conseil d'Etat a oublié la réalité du terrain: les trams sont bondés alors que les commerces sont fermés", a insisté Yves Menoud, secrétaire patronal de Nouvelle Organisation Des Entrepreneurs (NODE).
"On se sent incompris", a déploré Béatrice Berthet, présidente de l’association des Intérêts de Carouge, qui a accusé le Conseil d'Etat d'avoir "tué" Carouge et ses petits commerces. Dans la foule, de nombreux restaurateurs et employés du secteur, qui se demandent comment survivre à ce deuxième confinement partiel. Ils estiment avoir été sacrifiés à tort sur l'autel de la crise sanitaire.
Ema Krusi, commerçante, et Jean-Dominique Michel, anthropologue de la santé, ont fustigé à la tribune la gestion de la crise sanitaire et remis en question la réalité de la pandémie. Interrogé sur leur présence, Laurent Terlinchamp estime que "tous ceux qui n'ont pas les mêmes idées que Mauro Poggia ne sont pas des complotistes".
Le président de la SCRGH relève que ces personnes soutiennent les restaurateurs. "Ils ne décrédibilisent pas le mouvement", ajoute-t-il. Ces discours anti-Covid-19 ont toutefois suscité un certain malaise. De nombreux manifestants s'en sont distanciés, à l'instar de Vincent Subilia, directeur de la Chambre du commerce d'industrie et des services de Genève.
La manifestation était autorisée par les autorités. Au début du rassemblement, M.Terlinchamp a appelé au strict respect des règles sanitaires. La quasi-totalité des manifestants a suivi cette exhortation. Les quelques récalcitrants sans masque ont été rappelés à l'ordre par la police.
Dans un courrier adressé au Conseil d'Etat, la SCRHG estime que les mesures de fermeture des commerces n'ont aucune incidence sur la survie du virus. Elle demande la levée immédiate des mesures de fermeture de tous les commerces. "Si vous nous y forcez, nous choisirons la désobéissance plutôt que la mort", conclut la SCRHG.
Selon le Département de la sécurité, de l'emploi et de la santé (DSES), les exploitants d'établissements publics ainsi que les clients s'exposent à de lourdes amendes en cas d'infraction. Des contrôles réguliers sont menés. Depuis le début du deuxième confinement partiel au début novembre, 28 établissements publics ont été sanctionnés pour avoir ouvert.
Mercredi, le Conseil d'Etat a annoncé la réouverture dès samedi des salons de coiffure et des instituts esthétiques. Mais pas question d'un relâchement trop rapide qui ruinerait les efforts consentis. Les commerces non-indispensables ainsi que les cafés et restaurants doivent patienter. Genève est le seul canton où les petits commerces sont fermés.
L'objectif du Conseil d'Etat est de permettre aux commerçants et aux restaurateurs d'ouvrir avant Noël. Cette perspective ne rassure pas. En effet, la protestation contre la fermeture des commerces s'amplifie depuis quelques jours à Genève. Une manifestation non-autorisée a rassemblé samedi entre 600 et 700 personnes au centre-ville.