Les enfants de plus en plus polyglottes
Les jeunes habitant en Suisse parlent de plus en plus de langues
Le plurilinguisme gagne du terrain en Suisse: les deux tiers de la population (68%) utilisent régulièrement plus d'une langue. En cinq ans, entre 2014 et 2019, la part des personnes plurilingues a augmenté et de façon encore plus marquée chez les enfants
Pour s’entretenir avec leurs proches, travailler ou recourir aux médias (écouter la radio, regarder la télévision, lire et naviguer sur Internet), 68% de la population utilisent plus d’une langue au moins une fois par semaine. C’est ce qui ressort des premiers résultats de l’Enquête sur la langue, la religion et la culture, réalisée en 2019 pour la deuxième fois par l’Office fédéral de la statistique (OFS).
Sur l’ensemble de la population, 38% pratiquent régulièrement deux langues, 21% trois, 6,4% quatre et 1,7% cinq ou plus. Près de 32% des personnes interrogées ont indiqué n’utiliser qu’une seule langue, contre 36% en 2014 lors de l’enquête précédente.
Presque la moitié des enfants sont en contact avec plusieurs langues. La majorité des moins de 15 ans vivent dans un ménage où l’on parle le suisse allemand (57%). Viennent ensuite le français (28%), l’allemand (16%) et l’italien (8,8%). Et l’anglais s’avère la langue non nationale la plus fréquente (7,5%).
À la maison, la génération la plus jeune est toutefois en contact avec bien d’autres langues: albanais (6,7%), portugais (4,9%), espagnol (4,9%), bosniaque, croate, monténégrin ou serbe (3,8%), turc (2,8%) et plus de 70 autres.
À domicile, 33% des moins de 15 ans entendent deux langues différentes et même trois ou plus pour 10% d’entre eux. Sur l’ensemble de la population, la part des personnes vivant dans un ménage où l’on parle plus d’une langue se monte à 32%.
Parmi les personnes issues de la migration, l’utilisation régulière de plusieurs langues est supérieure à la moyenne: 41% des migrants de la première génération et 49% des migrants de la deuxième ou de la troisième génération utilisent régulièrement au moins trois langues, alors que cette part n’atteint qu’un cinquième environ (21%) chez les personnes non issues de la migration.
La part des personnes qui ne pratiquent régulièrement qu’une seule langue augmente avec l’âge. Si elle se situe à 13% parmi les 15 à 24 ans, elle est presque cinq fois plus élevée chez les plus de 75 ans (64%).
Les titulaires d’un diplôme du degré tertiaire utilisent plus régulièrement plusieurs langues que les personnes aux niveaux de formation plus bas.
L’apprentissage des langues est surtout motivé par des raisons d’ordre professionnel. En Suisse, parmi les personnes de 25 ans ou plus, une sur cinq apprend une ou plusieurs langues ou améliore ses connaissances linguistiques. L’apprentissage des langues est particulièrement fréquent chez les personnes relativement jeunes.
L’anglais est la principale langue non nationale en usage: 45% de la population suisse le pratiquent régulièrement. Son utilisation est plus répandue en Suisse alémanique que dans les régions italophone et francophone (46% contre 37% et 43% respectivement).
Près de trois quarts des personnes âgées de 15 à 24 ans se servent de l’anglais au moins une fois par semaine pour la communication orale ou écrite. En 2014, cette proportion était inférieure d’environ 10 points de pourcentage (62%).
Les personnes âgées sont nettement moins nombreuses à utiliser régulièrement l’anglais: seuls 15% des 75 ans ou plus l’utilisent au moins une fois par semaine
Huit habitants sur dix (76%) utilisent régulièrement l’allemand et sept sur dix le suisse allemand (65%). Une personne sur quatre (39%) s'exprime en français, deux sur dix (15%) en italien et deux sur 100 (1,9%) dans un dialecte tessinois ou italo-grison et enfin un sur 100 (0,9%) en romanche.
Les diverses langues locales, c’est-à-dire l’allemand et le suisse allemand en Suisse alémanique (97% et 89%), le français en Suisse romande (99%) et l’italien ainsi que des dialectes tessinois ou italo-grison en Suisse italienne (100% et 36%), sont utilisées régulièrement par la majorité des habitants de ces régions.