Des députés pro-démocratie évincés
Quatre députés pro-démocratie évincés après une décision de Pékin
Quatre députés pro-démocratie de Hong Kong ont été démis de leur mandat mercredi. Pékin venait d'adopter une résolution accordant aux autorités locales le pouvoir de disqualifier des élus considérés comme menaçant la sécurité nationale.
Cette décision survient deux jours après la menace brandie par une vingtaine de législateurs de l'opposition pro-démocratie de démissionner "en masse" en cas d'exclusion de leurs collègues. Le gouvernement hongkongais a affirmé dans un communiqué que ces quatre élus "perdront immédiatement leur mandat de député".
Cette déclaration fait suite à l'autorisation accordée à Hong Kong, par l'un des principaux comités législatifs de Chine, de révoquer tout législateur considéré comme constituant une menace pour la sécurité nationale et ce sans même passer devant une juridiction.
Le Conseil législatif (LegCo, le Parlement local) compte 70 membres désignés selon un système alambiqué qui garantit presque à coup sûr une majorité au bloc pro-Pékin. Seuls 35 sont en effet élus au suffrage universel direct, les autres étant principalement désignés par des groupes socio-professionnels acquis à la Chine continentale.
Une démission "en masse" laisserait presque entièrement le LegCo aux mains de députés alignés sur Pékin.
"Si le respect des procédures, la protection des systèmes et des fonctions et la lutte pour la démocratie et les droits de l'Homme entraînaient une exclusion, ce serait un honneur pour moi", a déclaré mercredi à la presse Dennis Kwok, l'un des quatre députés exclus.
De son côté, la cheffe de l'exécutif hongkongais Carrie Lam a soutenu que ces exclusions sont "constitutionnelles, légales, raisonnables et nécessaires". Les quatre élus exclus faisaient partie des 12 candidatures aux législatives hongkongaises invalidées fin juillet. Ces élections, qui devaient se dérouler le 6 septembre, avaient finalement été reportées d'un an pour cause de coronavirus.
L'exclusion de ces quatre députés est le dernier coup porté au camp pro-démocratie qui fait l'objet d'attaques soutenues depuis que Pékin a imposé fin juin la loi sur la sécurité nationale, décrite par les dirigeants chinois comme "une épée" suspendue au-dessus de la tête de ses détracteurs.
Cette législation, destinée à mettre fin à des mois de manifestations monstres et souvent violentes qui ont secoué le territoire l'an passé, a contribué à renforcer considérablement l'emprise du pouvoir central chinois sur Hong Kong.
Nombre de militants pour la démocratie dénoncent un texte liberticide. L'impossibilité pour les Hongkongais d'élire leurs dirigeants ainsi que l'ensemble de leurs députés était au coeur de leur mouvement de contestation.
Plus de 10'000 personnes ont été arrêtées depuis le début des manifestations et les tribunaux croulent sous le nombre d'affaires à juger, la plupart concernant des députés de l'opposition ainsi que des figures du mouvement pro-démocratie.
Selon les détracteurs de la loi sur la sécurité nationale, qui a été adoptée en contournant le LegCo, elle porte un coup fatal principe "Un pays, deux systèmes", qui était censé garantir jusqu'en 2047 des libertés inconnues en Chine continentale.