Covid-19: l'Italie renforce les restrictions
L'Italie renforce les restrictions après un nombre record de cas
Le Premier ministre italien Giuseppe Conte a renforcé dimanche les restrictions contre le coronavirus, malgré l'opposition des gouverneurs de régions et des manifestations contre le couvre-feu. Des chiffres record de nouvelles contaminations ont été publiés.
Cinémas, théâtres, salles de gym et piscines vont devoir fermer à partir de lundi et jusqu'au 24 novembre selon ces nouvelles restrictions, ont annoncé les services du Premier ministre. Les bars et les restaurants devront cesser de servir après 18h.
Quelque 20'000 nouveaux cas de coronavirus ont été enregistrés lors des 24 dernières heures en Italie, selon le comptage annoncé par les autorités samedi, un record national. Au total, plus de 500'000 cas d'infection et 37'000 décès ont été recensés dans le premier pays européen à avoir été durement frappé par la pandémie.
"Semi-confinement pour un mois", proclamait le quotidien Reppublica, soulignant que M. Conte n'avait pas déployé beaucoup d'efforts pour apaiser les gouverneurs des régions. Ces derniers ont prôné des mesures moins radicales pour sauver les entreprises durement touchées par le confinement du printemps.
"L'objectif est clair: garder la courbe de contagion sous contrôle, car c'est le seul moyen de pouvoir gérer la pandémie sans être submergés", a expliqué dimanche le Premier ministre lors d'une conférence de presse. Ces mesures sont nécessaires pour éviter un reconfinement comme celui du printemps, "que le pays ne peut plus se permettre".
Les écoles et les maternelles resteront cependant ouvertes, alors que 75% des classes dans les lycées et les universités se tiendront en ligne. La population a été appelée à éviter le plus possible les transports en commun et les déplacements hors des communautés.
Les nouvelles mesures ont été annoncées quelques heures après une manifestation de dizaines de partisans de l'extrême-droite protestant contre le couvre-feu. Ils ont affronté les forces de l'ordre anti-émeute dans la nuit de samedi à dimanche dans le centre de Rome. Quelque 200 militants masqués appartenant au groupe néo-fasciste Forza Nuova ont lancé des projectiles vers la police et incendié des poubelles.
A Naples, dans le sud, des incidents avaient déjà éclaté la nuit précédente, lorsque des jeunes s'opposant au couvre-feu avaient affronté les forces de l'ordre. Ces incidents font suite aux décisions prises cette semaine d'imposer un couvre-feu dans trois régions, celles de Rome (Latium), de Milan (Lombardie) et de Naples (Campanie).
Les gouverneurs de régions ont averti que la fermeture des entreprises exacerberait les tensions sociales. Le confinement du printemps a précipité l'Italie dans sa pire récession économique de l'après-guerre.
Le gouverneur de la région de Friuli Venezia Giulia, Massimiliano Fedriga, en a appelé au Premier ministre. Il a averti que "les tensions sociales s'accroissent et les risques s'aggravent si nous n'adoptons pas des mesures justes et raisonnables".
Le Premier ministre est cependant soumis à une intense pression de la communauté scientifique qui lui demande d'agir pour combattre la propagation du virus. "C'est un moment complexe, il y a beaucoup de fatigue dans le pays", a reconnu M. Conte.
"La pandémie constitue un défi sévère pour nous, elle provoque la colère, la frustration. Elle crée aussi de nouvelles inégalités (...)", a-t-il ajouté. Mais il a averti qu'il ne fallait pas "laisser la latitude à ceux qui se spécialisent dans les protestations et les désordres sociaux".
De son côté, le conseiller de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) auprès du gouvernement italien, Walter Ricciardi, a averti qu'il ne restait que "quelques semaines pour intervenir". "Nous avons besoin de confinements locaux, et même régionaux. Le couvre-feu ne marche pas", a-t-il déclaré au journal Il Messaggero.
Une centaine de scientifiques avaient appelé cette semaine le gouvernement à agir, après qu'un médecin réputé, Giorgio Parisi, a averti que le pays aurait un taux de 500 morts par jour à la mi-novembre si de nouvelles mesures n'étaient pas adoptées.