Clôture des bureaux de vote en Géorgie
Clôture des bureaux de vote en Géorgie, le Sénat dans la balance
Les bureaux de vote ont fermé leurs portes mardi soir dans l'Etat de Géorgie à l'issue d'une double élection qui déterminera le contrôle du Sénat américain, et la marge de manoeuvre de Joe Biden. Ce dernier est décidé à marquer la rupture avec Donald Trump.
"Tout se joue aujourd'hui", a tweeté le démocrate, qui deviendra le 20 janvier le 46e président des Etats-Unis.
Les résultats pourraient tomber tard dans la soirée, voire mercredi si les scrutins sont particulièrement serrés.
S'ils parviennent à conserver un seul des deux sièges en jeu, les républicains garderont leur majorité au Sénat. "Cette élection va être très serrée", ont mis en garde dans l'après-midi les deux sénateurs républicains sortants, David Perdue et Kelly Loeffler.
Mais si les deux candidats démocrates, Jon Ossoff et Raphael Warnock, l'emportent, la chambre haute basculera dans le camp de Joe Biden.
Plus de trois millions d'électeurs, un nombre record pour une sénatoriale partielle en Géorgie, ont pu voter par anticipation, soit quelque 40% des inscrits dans l'Etat. Au total 832 millions de dollars ont été dépensés dans la campagne, selon le Center for Responsive Politics, un organisme indépendant.
Dans le centre d'Atlanta, un bastion démocrate, les électeurs entraient au compte-gouttes dans une église luthérienne transformée en bureau de vote. "Je pense que c'est l'élection la plus importante de ma vie", confie Robert Lowe, retraité de 74 ans qui a voté pour les deux démocrates.
"S'ils ne gagnent pas tous les deux et que les républicains gardent le Sénat, rien ne bougera", explique cet ancien professionnel du stand-up. "Je croise les doigts."
A Dalton, fief conservateur du nord-ouest de la Géorgie, Rony Haikal juge aussi cette élection "vraiment importante". Mais lui a voté pour les sénateurs républicains. "On peut littéralement changer l'avenir de ce pays", dit-il.
Signe des grands enjeux, les présidents élu et sortant avaient fait lundi le déplacement sur le terrain pour donner de la voix. Ces élections partielles pourraient être "votre dernière chance de sauver l'Amérique telle que nous l'aimons", a tonné à Dalton Donald Trump, qui refuse toujours de reconnaître sa défaite, plus de deux mois après l'élection.
Son prédécesseur démocrate Barack Obama a encouragé mardi soir les électeurs à rester dans les files d'attente pour voter. "Transformons l'essai", a-t-il tweeté.
Les deux sénateurs républicains partent favoris dans cet Etat conservateur. S'il n'a pas remporté le premier tour, David Perdue était arrivé proche des 50% face à Jon Ossoff. Kelly Loeffler pourrait, elle, bénéficier d'un important report de voix d'un rival républicain qui avait divisé les soutiens au premier round contre Raphael Warnock, arrivé en tête.
Mais les démocrates ont espoir de l'emporter, galvanisés par la courte victoire de Joe Biden dans l'Etat le 3 novembre, une première depuis 1992.
Ils espèrent surtout une grande mobilisation des électeurs noirs, clé pour les démocrates. Des républicains modérés ou des électeurs indépendants pourraient en outre être découragés d'aller voter par toutes ces accusations de fraude, au détriment des républicains. Les rares sondages montrent les candidats au coude-à coude.
Au lendemain de ces élections partielles, le Congrès se réunira pour enregistrer formellement le vote des grands électeurs en faveur de Joe Biden (306 contre 232). L'issue de cette obligation constitutionnelle, qui relève d'ordinaire de la simple formalité, ne fait aucun doute.
Mais la croisade de Donald Trump donne à cette journée une tonalité particulière. Si certains poids lourds républicains, dont le chef des sénateurs Mitch McConnell, ont fini par admettre la victoire de Joe Biden, le président sortant peut encore compter sur le soutien indéfectible de dizaines de parlementaires. Ces élus ont promis d'exprimer leurs objections mercredi, et de faire résonner les allégations de fraude au sein même du Capitole.
M. Trump a de nouveau fait pression mardi sur son vice-président Mike Pence, auquel reviendra le rôle protocolaire de déclarer Joe Biden vainqueur. "Le vice-président a le pouvoir de rejeter les grands électeurs choisis de façon frauduleuse", a tweeté le président, à tort.
Dans la rue, une grande manifestation de soutien à Donald Trump est prévue à Washington. Tenant des drapeaux au nom du milliardaire, des centaines de sympathisants se rassemblaient déjà dans la capitale lundi.
Le président sortant a confirmé qu'il s'exprimerait devant eux mercredi à 11h00 (17h00 en Suisse) depuis l'Ellipse, esplanade située au sud de la Maison Blanche.
Joe Biden lui s'est largement gardé de commenter cette pression sans précédent autour d'une journée qui relève d'ordinaire d'une formalité. Mercredi il a prévu de faire un discours... sur l'économie.