Bélarus: Berne inquiète sur les journalistes
Sommaruga inquiète de la montée de la répression contre les médias
La présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga est inquiète de la répression grandissante des régimes autoritaires contre les travailleurs des médias. Elle a appelé mardi à Genève à la libération des journalistes notamment au Bélarus et en Algérie.
Ces derniers mois, des travailleurs des médias ont notamment été arrêtés ou victimes des violences en marge des manifestations contre le pouvoir dans ces deux pays. Devant la presse en marge d'une conférence organisée par la Suisse et l'ONU, la présidente de la Confédération a souhaité que ces personnes soient relâchées.
"La Suisse ne fait pas que cela", a-t-elle affirmé. Cette question de la liberté de la presse est abordée lors de discussions bilatérales. Il y a dix jours, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) avait appelé les autorités du Bélarus à relâcher les manifestants pacifiques qui protestent contre la réélection d'Alexander Loukachenko.
A deux semaines l'Assemblée générale de l'ONU, la présidente de la Confédération a aussi relevé que la Suisse pourrait "amener des idées, des réflexions" et un dialogue sur la liberté de la presse si elle élue au Conseil de sécurité pour 2023 et 2024. En ouvrant la conférence organisée mardi au Palais des Nations, la présidente de la Confédération a relevé que la détention de journalistes est "une aspiration à la démocratie qu'on étouffe".
L'intimidation, les menaces et les actes contre les journalistes, les dessinateurs de presse et autres représentants de la branche ont atteint une dimension et une "gravité" devenues "alarmantes", a affirmé Mme Sommaruga.
"Une démocratie se mesure à la façon dont elle traite ses journalistes", "c'est l'affaire de chaque Etat". Or, le nombre de pays sûrs se réduit pour les travailleurs des médias, selon Mme Sommaruga. "Les lois liberticides qui les réduisent au silence ne sont pas compatibles avec les droits de l'homme", a-t-elle dit.
Les attaques contre les journalistes ciblent "toute la société civile", a déploré de son côté la Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet, à quelques semaines de l'Assemblée générale de l'ONU. "Aucun journaliste ne devrait être criminalisé ou harcelé en raison de son travail", a-t-elle affirmé. Mme Sommaruga a relevé que 90% des homicides contre les journalistes restent impunis. Elle appelle à des institutions judiciaires indépendantes et à des législations dissuasives pour améliorer cette situation.
Les deux responsables ont dénoncé les campagnes dans certains pays contre les journalistes dans le contexte du Covid. Des indications fiables sont indispensables pour "se protéger contre un virus", a dit Mme Sommaruga qui a aussi alerté sur les effets économiques de la pandémie pour les médias. Après l'annonce jeudi dernier d'une quarantaine obligatoire pour les Suisses arrivant en Grande-Bretagne, elle a dit à la presse que Berne allait "chercher à dialoguer" avec les autorités britanniques.
Mme Bachelet a relevé de son côté que les femmes journalistes étaient plus encore menacées d'abus, notamment de violences sexuelles. Elle a ajouté qu'un succès sur les Objectifs de développement durable (ODD) ne pourra être obtenu que si la sécurité des journalistes est garantie. Elle a encore promis que son bureau et l'ONU tout entière continuera à soutenir ceux-ci.
Selon les données de l'ONG genevoise Presse Emblème Campagne (PEC), 48 travailleurs des médias ont été tués depuis début janvier et au moins 261 sont décédés du coronavirus en six mois dans plus de 40 pays.