Aucun répit dans les frappes israéliennes à Gaza
Les frappes et les opérations au sol meurtrières israéliennes ne connaissent aucun répit dans la bande de Gaza assiégée et menacée de famine. Cette guerre, qui a commencé il y a plus de sept mois, a coûté la vie à plus de 35'000 Palestiniens, a dit le Hamas dimanche.
L'offensive israélienne a dévasté le petit territoire palestinien surpeuplé, où selon l'ONU il n'y a plus "d'endroit sûr" pour les quelque 2,4 millions d'habitants.
Les plus grandes craintes internationales concernent aujourd'hui la ville de Rafah, dans l'extrême sud de la bande de Gaza, et les quelque 1,4 million de Palestiniens qui s'y entassent, en majorité déplacés par les bombardements destructeurs et les combats.
Israël, qui a juré d'anéantir le Hamas, veut lancer une offensive terrestre à Rafah qu'il considère comme le dernier bastion du mouvement dans le territoire palestinien assiégé par son armée depuis le 9 octobre.
Mise en garde de Washington
Mais pour le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, dont le pays est hostile à un assaut majeur à Rafah, "il restera toujours des milliers de membres armés du Hamas", même avec une telle intervention. Une offensive risquerait de créer "le chaos" et à terme, un retour du Hamas, a-t-il affirmé sur la chaîne NBC.
Selon des correspondants de l'AFP et des témoins, les raids aériens israéliens ont visé plusieurs secteurs du territoire palestinien dont Rafah.
"Des véhicules militaires israéliens ont avancé sur environ 2,5 kilomètres en profondeur" de Rafah, a dit le porte-parole de l'autorité des points de passage de Gaza, Hicham Adwan. L'armée a affirmé que ses troupes poursuivaient des opérations "ciblées" dans l'est de Rafah, et "dix terroristes du Hamas y ont été éliminés".
Ces dernières 24 heures, au moins 63 morts supplémentaires ont été recensés à Gaza, a indiqué le ministère de la Santé du Hamas. Un hôpital de Rafah a annoncé avoir reçu les corps de 18 personnes.
Villes "en ruines"
Après des ordres d'évacuation émis par l'armée, quelque 300'000 habitants de l'est de Rafah ont quitté le secteur, a dit un communiqué militaire en précisant que les zones à évacuer étaient "le théâtre d'activités terroristes du Hamas".
Mettant en garde contre "la possibilité de nouveaux crimes atroces" en cas d'offensive à grande échelle à Rafah, Volker Türk, Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, a dénoncé les ordres d'évacuation, soulignant que les villes supposées recevoir des déplacés sont déjà "réduites en ruines".
En attaquant Rafah, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a voulu "faire capoter" les pourparlers en vue d'une trêve et d'une libération d'otages retenus à Gaza depuis le 7 octobre, a accusé le Hamas dans un communiqué.
Il a dans le même temps condamné les déclarations du président américain Joe Biden qui selon lui constituent "un revers" pour les négociations, dont le dernier round s'est tenu cette semaine au Caire. M. Biden a estimé samedi qu'un cessez-le-feu était possible "demain" si les otages étaient relâchés.
Le Hamas avait dit avoir accepté une proposition des médiateurs (Egypte, Qatar, Etats-Unis) sur une trêve, mais Israël avait répondu que la proposition acceptée était "loin de (ses) exigences".
Deux milliards de dollars
Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a réitéré "l'appel du monde entier à un cessez-le-feu humanitaire immédiat, à la libération inconditionnelle de tous les otages" et à "une augmentation immédiate de l'aide humanitaire".
Il s'exprimait lors d'une conférence internationale à Koweït où des donateurs se sont engagés à verser plus de 2 milliards de dollars sur deux ans pour les opérations humanitaires à Gaza.
L'entrée des aides à Gaza est quasiment bloquée selon l'ONU depuis que les troupes israéliennes ont pénétré lundi dans l'est de Rafah et pris le point de passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide.