Attaque au hachoir: le suspect "assume"
Attaque au hachoir à Paris: le suspect "assume son acte"
Au lendemain de l'attaque au hachoir qui a fait deux blessés graves à Paris, près des anciens locaux de Charlie Hebdo, le principal suspect a "assumé son acte", le liant à la republication des caricatures du prophète Mahomet, selon des sources proches de l'enquête.
Interpellé par la police peu après l'attaque, cet homme de 18 ans qui se présente comme né au Pakistan, "assume son acte qu'il situe dans le contexte de la republication des caricatures qu'il n'a pas supporté", a indiqué samedi une source proche de l'enquête.
L'attaque a eu lieu devant l'agence de presse Premières Lignes dont l'immeuble, situé dans l'est parisien, est le même que celui qui abritait les locaux de Charlie Hebdo, lorsque la rédaction avait été visée par un attentat meurtrier en 2015.
La rédaction de Charlie Hebdo qui a déménagé dans un lieu secret depuis quatre ans faisait l'objet de nouvelles menaces depuis que cet hebdomadaire satirique avait de nouveau publié des caricatures de Mahomet le 2 septembre, pour l'ouverture du procès des complices des auteurs de l'attaque de 2015.
"Manifestement c'est un acte de terrorisme islamiste", a estimé vendredi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, déplorant "une nouvelle attaque sanglante contre notre pays".
"Un homme est arrivé et a attaqué avec un hachoir deux salariés qui fumaient devant l'immeuble, un homme et une femme", a expliqué à l'AFP Paul Moreira, codirigeant de Premières Lignes.
Ils ont été blessés "au niveau du haut du corps", l'un à la tête, a-t-il ajouté.
Leur vie n'est cependant pas en danger, a assuré dès vendredi le Premier ministre français Jean Castex, qui s'est rendu sur les lieux.
La justice antiterroriste s'est saisie de l'affaire qui a ravivé en France le douloureux souvenir de l'année 2015, marquée notamment par les attaques de janvier contre Charlie Hebdo, et celles, encore plus meurtrières, du 13 novembre à Paris.
D'après M. Darmanin, le principal suspect, arrivé en France il y a trois ans alors qu'il était mineur, avait déjà été arrêté en juin en possession d'une arme blanche, "un tournevis".
Pris en charge par l'aide sociale à l'enfance en région parisienne, à son arrivée en France, il ne présentait "aucun signe de radicalisation" jusqu'à sa majorité, en août dernier,
Présenté comme "itinérant" de sources concordantes, deux de ses domiciles présumés ont été perquisitionnés vendredi, un hôtel social à Cergy et un à Pantin, dans la banlieue nord de Paris.
Cinq hommes qui se trouvaient dans ce dernier domicile présumé ont été placés en garde à vue vendredi après-midi et un sixième vendredi dans la soirée, un "ancien colocataire du principal suspect quand il résidait dans l'hôtel social" à Cergy, ce qui portait à sept le nombre de gardes à vue samedi matin.
A Pantin, les voisins du suspect l'ont décrit comme un jeune homme "discret" et "poli".
Un Algérien de 33 ans, rapidement interpellé près des lieux de l'attaque a été quant à lui relâché vendredi soir.
Selon une source proche du dossier, son récit qui "consiste à dire qu'il a été témoin, a poursuivi l'auteur et a ensuite été menacé, a été corroboré par l'enquête". Sur Twitter, son avocate Me Lucie Simon a évoqué un "jeune homme héroïque qui a tenté d'arrêter l'assaillant".
L'attaque de vendredi est survenue pendant le procès des complices des frères Kouachi qui avaient massacré 12 personnes le 7 janvier 2015, ouvrant une séquence noire de trois jours. Le lendemain un autre djihadiste, Amédy Coulibaly, tuait une policière en banlieue parisienne, puis quatre hommes de confession juive dans l'attaque d'un magasin casher à Paris. Tous trois seront abattus dans deux opérations distinctes le 9 janvier.
Depuis la vague d'attentats djihadistes sans précédent amorcée en 2015 en France et qui a fait 258 morts, plusieurs ont été perpétrés à l'arme blanche, notamment à la préfecture de police de Paris en octobre 2019 ou à Romans-sur-Isère (sud) en avril dernier.
M. Darmanin a reconnu que la menace contre la rue Nicolas Appert, où a eu lieu l'attaque, avait été "sous-évaluée".
"Il y a eu un attentat, quand il y a eu un attentat, c'est que manifestement on aurait pu faire mieux", a ajouté le ministre de l'Intérieur, tout en précisant que la rue en question n'avait fait l'objet d'"aucune menace" explicite.
De son côté, Luc Hermann, codirigeant de Premières Lignes, a déploré le fait que "depuis le démarrage du procès de Charlie Hebdo, il n'y a eu absolument aucune sécurisation de cette rue et de cet immeuble symboliques".