Avec le développement du cinéma en Valais s'ouvre un nouveau business : le placement de produit
Quand les entreprises valaisannes se taillent une place au cinéma : avec le développement de la branche et la multiplication des tournages, certaines entreprises ont flairé le créneau pour placer leur marque et leurs produits à l’écran. Elles nous racontent.

Et si le cinéma devenait un levier stratégique de communication pour les entreprises valaisannes ? C’est l’une des pistes évoquées lors d’une table ronde organisée cette semaine à Martigny par la Chambre valaisanne de commerce et d’industrie. L’événement a réuni producteurs, représentants de la Valais Film Commission et entrepreneurs autour d’un thème encore peu exploré dans le canton : les opportunités économiques du placement de produit à l’écran.
Du placement discret à la stratégie de marque
En Valais, la Maison Morand fait figure de pionnière. La distillerie basée à Martigny a multiplié les collaborations avec le monde du cinéma et des séries au fil des années. Son directeur, Fabrice Haenni, l’assume : "On essaye d’être très créatifs côté marketing. Le placement de produit fait désormais partie des outils qu’une PME peut utiliser en Valais".
Après une première expérience peu concluante – une bouteille à peine visible dans un film tourné dans les Grisons – l’entreprise a décidé d’élaborer des partenariats plus construits. C’est le cas avec Sauvage, film d’animation de Claude Barras, pour lequel Morand a produit plus de 20’000 bouteilles de sirop à l’effigie du film, intégrant QR codes, visites de plateau et distribution de produits aux équipes.
L’enjeu ne se limite donc pas à glisser une bouteille dans une scène, insiste le directeur. "Il faut éviter de se cantonner simplement à la présence à l’écran. Ce qui compte, c’est aussi tout ce qu’on peut construire autour, en matière de communication ou de relais sur les réseaux", explique Fabrice Haenni. L’entreprise a ainsi collaboré avec plusieurs productions ces deux dernières années, à l'image de Tschugger, Espèces Menacées ou encore la série Winter Palace. Cette dernière, coproduite par la RTS et Netflix, a aussi séduit une autre entreprise valaisanne : la cave du Domaine du Mont d’Or à Sion.
Une première expérience pour la cave du Mont d’Or
Pour Marc-André Devantéry, directeur de la cave, l’opportunité est arrivée par surprise : "On a été contacté par une entreprise française spécialisée dans le placement de produit. Ils avaient repéré que l’histoire de notre domaine, fondé en 1848 et lié au développement du tourisme de luxe en Valais, collait bien à l’univers de la série."
Si la production n’est pas allée jusqu’à transformer l’écran en vitrine commerciale, la marque a bien été visible – jusqu’à être citée à voix haute dans une scène. Une belle surprise pour une première expérience : "On ne s’attendait pas à autant de visibilité. Et depuis, on a pu valoriser cette présence dans notre communication, notamment sur notre site et nos réseaux sociaux."
Une tendance encore discrète, mais prometteuse
Les deux entreprises s’accordent sur un point : les retombées restent difficiles à chiffrer. D’où l’importance, selon Fabrice Haenni, de miser sur plusieurs petits projets plutôt que sur un seul placement coûteux : "C’est une stratégie qu’on applique aussi dans le sponsoring sportif. L’idée, c’est de multiplier les points de contact avec le public sans prendre de risques financiers démesurés."