Une étude clinique franco-suisse pour soigner les insomniaques s’ouvre aux Valaisannes et Valaisans
Comment se passer des somnifères de type benzodiazépine ? "Benzostop", une vaste étude franco-suisse se propose de modéliser un accompagnement à distance pour faciliter le sevrage, tout en réglant le problème de fond, l’insomnie. Elle s’ouvre notamment aux patientes et patients valaisans.
C’est un fait : sans sommeil de qualité, le quotidien peut devenir un enfer.
Selon diverses études, 15 à 30% des plus de 15 ans sont concernés (selon la revue médicale suisse cités par les initiateurs de l’étude). Réponse numéro une : le somnifère. Son efficacité à court terme est largement démontrée mais à usage prolongé, les inconvénients peuvent dépasser les avantages. En cause : les benzodiazépines qu’ils contiennent.
Portée par l'association nationale française pour la Promotion des connaissances sur le Sommeil (PROSOM) en collaboration avec l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et le CHUV, une vaste étude franco-suisse, baptisée "Benzostop", veut modéliser une approche (thérapies cognitives et comportementales) qui règle autant le sevrage à ces substances que le trouble du sommeil se traduisant par des insomnies.
Un appel à participation est désormais lancé pour des patients des cantons de Vaud, Fribourg, Neuchâtel et du Valais uniquement.
Cette étude ne tombe pas par hasard. La consommation de somnifère n’a cessé d’augmenter avec la pandémie du covid-19 (factuellement : 7% en 2020, 10% dès les premiers mois de 2021 avec une tendance haussière linéaire sur toute l’année).
Une majorité de ces somnifères prescrits contient des benzodiazépines, d’où le problème avec plus d’inconvénients que d’avantages sur des prescriptions à usage long, explique Benjamin Putois, docteur ès sciences cognitives, enseignant à la formation universitaire à distance suisse (Unidistance, Sierre), psychologue clinique, chercheur associé à l'INSERM.
Depuis quelques années, il est acquis que la prescription de ces médicaments doit être réduite car leur balance avantages/inconvénients est défavorable, relèvent les chercheurs qui ont lancé cette étude clinique. "On sait qu’il ne faut pas les arrêter brutalement au risque d’avoir des crises neurologiques et qu’il est conseillé de les stopper si les insomnies ou l’anxiété se chronicisent", souligne Benjamin Putois qui refuse toutefois de diaboliser ces substances, particulièrement utiles dans certains accompagnements. Mais contrairement aux traitements psychologiques, ces médicaments régulent les symptômes sans soigner leurs causes : à long terme, ce sont des pansements sur des jambes de bois, explique Benjamin Putois.
Les traitements recommandés pour l’insomnie et l’anxiété sont les psychothérapies, en particulier, les TCC, les Thérapies Cognitives et Comportementales qui doivent alors être doublées d’un sevrage des benzodiazépines. Une approche qui parle directement aux soignants du Centre du sommeil de l’Hôpital du Valais, à Sion qui travaille majoritairement dans ce type d’accompagnement, souligne le patron de la pneumologie, le Dr Grégoire Gex, directeur du Centre.
Spécialisé dans les troubles du sommeil, le Centre sédunois privilégie donc une approche psychologique pour les patients souffrant d’insomnies sur le long terme. En cas d’insomnies chroniques, ces techniques sont très clairement plus efficaces, précise Grégoire Gex.
La participation à l’étude répond à des critères précis pour les patients souffrant exclusivement d’insomnies traités par somnifères. Ils peuvent s’inscrire directement sur benzostop.org. 17 chercheurs et médecins sont engagés sur quatre ans pour cette étude.