Un individu mis en prévention dans l'incendie de Vétroz
L’incendie de Vétroz à un tournant. Le Ministère public du Canton du Valais vient de mettre en prévention un individu pour incendie par négligence. Trois mégots de cigarette ont été retrouvés sur les lieux du sinistre.
Un membre de la société IPS Importation Polaris Sion/Switzerland SA, active dans le commerce de quads et de motoneiges, a été mis en prévention pour incendie par négligence. Selon un dossier d’enquête de plus de 80 pages, et dont Rhône FM s’est procuré une copie, l’individu en question est mis en cause dans l’incendie du 6 juillet 2023 à Vétroz. Les investigations sur les lieux du sinistre ont permis de récolter trois mégots de cigarette à proximité des boîtes aux lettres et des quads, d’où le feu est parti selon plusieurs personnes auditionnées. «On a vu de la fumée qui se dégageait depuis l’endroit où étaient les motoneiges», peut-on lire dans un procès-verbal (PV) d’audition de la Police cantonale.
Sur les images de vidéo surveillance, on voit le prévenu quitter les locaux de l’entreprise et faire un geste avec son bras droit à deux reprises avant de redescendre en arc de cercle en direction des boîtes aux lettres, à proximité des motoneiges. Les enquêteurs soupçonnent un jet de cigarettes. La personne impliquée, dans son audition, dit ne plus se souvenir si elle fumait ou pas à ce moment-là. Elle attribue ses gestes à de l’énervement. «Je précise que tous les soirs, je m’énerve car les commandes de la porte sont défaillantes et je dois me reprendre à plusieurs reprises pour activer la fermeture».
Le premier dégagement de fumée est apparu quatre minutes et 58 secondes après ce geste. «Je ne vois pas comment une motoneige, un quad à chenille ou un quad normal, puisse prendre feu tout seul», indique le prévenu dans son PV d'audition.
Les investigations se poursuivent
Durant sa deuxième audition, le membre de la société Polaris a dû se soumettre à un prélèvement ADN. Il a aussi vu son téléphone portable être mis sous séquestre. Il lui a depuis été rendu.
Autre fait intriguant : la présence ou non sur place d’un membre de la famille du prévenu. Un témoignage fait écho de la présence de cet homme âgé au moment de l’incendie. « Lorsque le feu a pris de l’ampleur, nous avons vu ce vieux monsieur qui sortait des locaux par la petite porte. Il est sorti tranquillement». Interrogé sur la présence ou non du membre de sa famille, le prévenu reste évasif. «Je n’arrive plus à me souvenir», explique-t-il. Il précise qu’au moment de l’incendie, il se trouvait dans une période de grande fatigue.
Après son départ de l’entreprise vétrozaine, le membre de la société Polaris s’est rendu dans une cave valaisanne pour y boire un verre. Il a été alerté de l’incendie à 17h49 par la police. «Je suis revenu immédiatement», précise-t-il. Une heure et demi après son retour sur les lieux du sinistre, l’homme est reparti avec l’accord de la police. Il est ensuite allé reboire un verre dans une cave, puis a commandé une pizza avant de rentrer chez lui.
D’autres pistes évoquées dans un premier temps
Parmi les autres causes du sinistre, aussi évoquées dans les PV d’audition : des infiltrations d’eau et des travaux électriques. Dans l’un des locaux partis en fumée, des travaux d’électricité ont été entrepris dernièrement. «Les travaux ont été terminés il y a plus de deux semaines», assure l’une des personnes entendues. Des câbles électriques usagés, liés à ces travaux, jonchaient le sol.
Les investigations se poursuivent. La personne mise en prévention bénéficie de la présomption d’innocence. Son avocat n'a pas pu être joint.