Un comité lance une initiative pour un salaire minimum en Valais. Question de dignité, dit-il
Une initiative pour un salaire minimum cantonal a été lancée vendredi en Valais. Elle vise un salaire horaire minimum à 22 francs, avec une exception pour le secteur de l'agriculture à 18 francs/l’heure. A la manœuvre, le comité rose-vert et les syndicats ont une année pour récolter 4000 paraphes.
"Œuvrer pour l’introduction d’un salaire minimum en Valais, c’est avant tout une question de dignité". Membre du POP Valais-Wallis (le Parti ouvrier et populaire), Adrien D’Errico, le dit : "Il n’est tout bonnement pas acceptable que des personnes qui travaillent quotidiennement ou presque doivent subir des conditions de vie précaires et donc indignes de leur statut de travailleuse ou de travailleur". Le POP a du coup donné le ton pour s’associer avec des représentants du parti socialiste, des Verts, du PCS, d’Entremont Autrement pour lancer une initiative cantonale avec l’Union syndicale valaisanne et UNIA.
Présentée vendredi aux médias, le texte prévoit un salaire horaire minimum à 22 francs, avec une exception pour le secteur de l'agriculture à 18 francs de l’heure.
Des corrections indispensables
"De très nombreuses branches d’activités n’ont aucune CCT et profiteraient de ce salaire minimum", a relevé le conseiller national socialiste Emmanuel Amoos.
Un salaire minimum devrait même contribuer à la croissance économique, estime Matthieu Besse, membre du comité des Vert-e-s Valais, puisqu’en forçant « les employeurs à "distribuer" une plus grande part de leur revenu…plus d’argent retournera dans le cycle de l’économie au lieu d’être capitalisé".
Avec un salaire minimum permettant de vivre, non seulement "les recours à l’aide sociale diminueraient" mais en plus, "il y aurait, un frein à des subventionnements indirects vers des entreprises qui versent de bas salaires", affirme Francine Zufferey, présidente de l’Union syndicale valaisanne.
Pour son collègue du syndicat UNIA, Blaise Carron, "cette initiative contribue…à enrayer le scandale des bas salaires et des pratiques de sous-enchère bien trop présentes dans l’économie valaisanne".
S’y ajoute un garde-fou en matière de politique d’égalité, selon Jasmine Lovey, présidente d’Entremont Autrement : "le salaire minimum préviendrait différents problèmes impactant l’égalité des genres, à commencer par l’inégalité salariale, qui en Suisse reste en moyenne de 19%, dont la moitié environ n’est pas justifiée et se révèle donc principalement liée au genre".
Les initiants disposent d’une année, à compter d’aujourd’hui, pour récolter les 4’000 signatures nécessaires à l’aboutissement du texte.
En 2014, deux textes en faveur d'un salaire minimum, l'un fédéral, l'autre cantonal, sont passés devant le peuple. Ils ont été rejetés par 76% des votants à l'échelle nationale et et 82% au niveau valaisan. "Aujourd'hui, il y a toujours des travailleurs et travailleuses qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts en Valais et qui doivent s'adresser à l'aide sociale pour rester en dessus du seuil de pauvreté. En plus, la population comprend et sait aujourd'hui que certains travaillent encore pour 3000 francs par mois dans ce canton... Enfin, on connait les effets positifs qu'un salaire minimum a apporté dans les cantons et le demi-canton qui l'ont introduit", conclut Emmanuel Amoos.
Les cantons de Neuchâtel, Jura, Genève, du Tessin et le demi-canton de Bâle-Ville se sont dotés de salaires minimums, à chaque fois introduits par une initiative populaire cantonale acceptée (NE en 2017 20.77 /h soit 3780.- mensuels, JU en 2018 20.60 /h soit 3749.- par mois, GE en 2020 24.00 /h ou 4368.- au mois, TI en 2021 19 à 19,50 /h soit 3458.- et BS la même année à 21 francs de l’heure pour un équivalent à 3822.- par mois).
À Neuchâtel et au Jura, les salaires minimaux ont été déterminés sur la base du seuil de pauvreté. A Genève une exception a aussi été introduite pour l’agriculture.