Le sexting, ou l’envoi de photos à caractère sexuel, n'est pas sans risque chez les ados
Le sexting, ou l’envoi de photos à caractère sexuel, est à utiliser avec précaution. Ce rituel risqué de la vie amoureuse des adolescents peut vite déraper. Il est surtout illégal en-dessous de 16 ans.
Envoyer une photo intime de soi, un nude comme on l’appelle, à son petit ami ou sa petite amie du moment est une nouvelle pratique en vogue dans la vie amoureuse des adolescents.
Les "nudes" partagés sont une arme
Le sexting, c’est son nom, est un rituel risqué et surtout illégal en dessous de 16 ans. Et, lorsque la photo à caractère sexuel est partagée, puis commentée sur les réseaux sociaux, cela peut aller jusqu'au suicide. Jacqueline Fellay Jordan, conseillère en santé sexuelle au centre SIPE de Sion, le reconnaît : le sexting fait partie de la sexualité du 21e siècle et les nudes partagés sont une arme. Ils peuvent détruire une vie. «Il ne s'agit pas de diaboliser l'outil, mais de voir ce que font les jeunes et les adultes des images, et des mots aussi, qu'ils reçoivent et qui parlent d'intimité et de sexualité. C'est une éducation et une information au monde virtuel», précise Jacqueline Fellay Jordan. «Il ne s'agit pas de dire: "mais c'est affreux, c'était bien mieux avant les téléphones portables!". D'abord, c'est inutile, et surtout ce n'est pas vrai. Il y avait aussi de la violence, et de la violence sexuelle, avant les téléphones portables.»
Aussi des adultes piégés
Pour la conseillère en santé sexuelle, il ne s'agit pas de diaboliser le monde virtuel, mais plutôt d'éduquer les jeunes à ce monde virtuel. «Et les moins jeunes aussi», ajoute Jacqueline Fellay Jordan. «Parce que nous voyons aussi dans nos consultations des adultes qui ont été piégés par des nudes et des sextings : c'est lié aux sites de rencontres, aux nouvelles façons de se rencontrer. C'est le monde qui avance : soit on peste et on diabolise tout, soit on éduque, on informe et on accompagne. Que ce soit au niveau de la justice, des professionnels ou des parents.»
Un acte d'amour...
Consciente des problèmes que peut engendrer le sexting, la Police cantonale lance cette semaine une vidéo de prévention destinée aux adolescents. Cynthia Zermatten, porte-parole de la Police cantonale, est régulièrement invitée dans les cycles d’orientation pour en parler. «Ces jeunes ne se rendent pas compte. Pour eux, quand il le font, c'est un acte de courage, un acte d'amour qu'on va donner à son compagnon du moment, en pensant que ça va durer toute la vie. Et ils ne se rendent pas compte de quelle manière ils se mettent en danger.» La Police cantonale met un point d'honneur à faire de la prévention, et particulièrement sur ce sujet.
«En dessous de 16 ans, les jeunes fabriquent de la pédopornographie.» Cynthia Zermatten, porte-parole de la Police cantonale
Selon Cynthia Zermatten, les adolescents savent qu'ils ne doivent pas le faire, mais ils le font quand même. «Ils nous disent qu'ils ne mettent pas la tête, pour ne pas être reconnus. Mais ils ne rendent pas compte que même une photo d'eux sans leur visage, cela peut être destructeur.» La plupart des jeunes sont au courant, parce que la prévention est faite depuis des années, non seulement par la Police cantonale, mais également par d'autres acteurs de prévention. «Ils ne se rendent pas compte qu'ils fabriquent de la pédopornographie», poursuit Cynthia Zermatten. «Et non seulement ils peuvent être victimes, si la photo circule sur les réseaux sociaux, mais ils sont aussi auteurs de pornographie, parce qu'ils fabriquent de la pédopornographie, qui est strictement interdite en Suisse.»
En cas de plainte, la police enquête, afin de savoir qui a diffusé ou transmis la photo en question. Les cas sont ensuite dénoncés au Ministère public ou au Tribunal des mineurs.