Joël Schmied, l’oublié devenu incontournable au FC Sion
Longtemps cantonné à un rôle de second couteau depuis son arrivée au FC Sion, Joël Schmied a changé de statut ce printemps. Intraitable derrière, il personnifie à lui seul l’état d’esprit nouveau qui anime un club valaisan sur la voie de la guérison ces dernières semaines.

Lorsque Joël Schmied pénètre dans la salle de presse du centre d’entraînement du FC Sion ce jeudi à 13h30, deux choses sautent aux yeux en le regardant. Premièrement, ce sourire qui traduit le moral actuel du Bernois. Deuxièmement, ce pansement qui recouvre une partie de son front, stigmate de la récente bataille gagnée par le défenseur et l’équipe valaisanne sur la pelouse de GC (3-1).
«Ma copine m’a déjà dit que j’étais moche à cause de ma blessure au front mais bon...comme il y a eu la victoire au bout, je n’ai au moins pas tout perdu.» Joël Schmied
«J’ai encore un peu mal mais ça va déjà beaucoup mieux», commence-t-il par expliquer en référence au coup reçu quatre jours plus tôt au Letzigrund. «Je vais simplement garder une marque sur le visage. Ma copine m’a déjà dit que j’étais moche à cause de ça mais bon...comme il y a eu la victoire au bout, je n’ai au moins pas tout perdu», rigole-t-il.
Un sacrifice qui change le cours du match
En mettant la tête là ou d’autres auraient tout au plus mis le pied, Joël Schmied a provoqué l’expulsion du Zurichois Shabani et grandement facilité les affaires d’une formation sédunoise bien empruntée jusque-là. Nouvel éclat de rire lorsqu’on lui dit que par son sacrifice, il a endossé le costume de match winner dans les rangs valaisans. «Mon adversaire est venu s’excuser dans le vestiaire à la mi-temps, il m’a assuré que son geste n'était pas intentionnel. J’ai été surpris que l’arbitre ne sorte que le jaune avant d’être corrigé par la VAR. Après coup, c’est sûr que ce fait de match a changé le cours de la partie. Jusque-là, on avait vraiment été mauvais. Le fait d’être privés de notre coach sur la touche nous a certainement déstabilisé durant ces 40 premières minutes. Mais bon, l’important est le résultat final. On a gagné et c’est tout ce qui compte dans notre situation.»
«Tu ne peux pas jouer avec onze Coutinho sur le terrain. Il faut des mecs qui n’ont pas peur de se faire mal et d’aller au duel.» Joël Schmied
Au moment de quitter la pelouse du Letzigrund dimanche soir, le numéro 2 n’était pas le seul élément de l’effectif valaisan dont le front était orné d’un bandage rouge et blanc. Quelques minutes seulement après le choc dont il a été victime, Dimitri Cavaré l’imitait en percutant la tête du latéral adverse Dominik Schmid dans un duel aérien. «Dimi a aussi une tête en métal. C’est un vrai animal», sourit le Bernois de Tourbillon. «Autant lui que moi, nous sommes de vrais battants. Techniquement, nous sommes peut-être un peu moins bons que les autres mais on compense par notre mentalité. De toute manière, tu ne peux pas jouer avec onze Coutinho sur le terrain. Il faut des mecs qui n’ont pas peur de se faire mal et d’aller au duel.»
Une mentalité par laquelle viendra le salut sédunois
À l’instar de ce que son coéquipier nous disait la veille, Joël Schmied affirme d’ailleurs que cette mentalité doit être celle qui permettra au FC Sion de sauver sa place dans l’élite ces prochaines semaines. «Dans la situation qui est la nôtre, quand tu es proche de la dernière place, tu ne peux pas te permettre de jouer le tiki-taka. Dans ce championnat plus que partout ailleurs peut-être, les points se gagnent avant tout en bataillant sur le terrain.»
«Si le coach ne te donne pas la confiance et la chance de jouer, c’est difficile de montrer ce que tu vaux.» Joël Schmied
Le verbe batailler résume d’ailleurs parfaitement tout ce qu’a vécu Joël Schmied depuis son arrivée en Valais à la fin août 2021. Avant de le faire sur le terrain, il a dû le faire justement pour obtenir le droit d’avoir des minutes de jeu. Durant un an et demi, il n’a été titularisé qu’à sept reprises en championnat sous les couleurs sédunoises. Il l’a été une fois de plus lors des douze dernières journées. «Si le coach ne te donne pas la confiance et la chance de jouer, c’est difficile de montrer ce que tu vaux», relève-t-il. «Le premier qui a cru en moi était Celestini et je crois avoir toujours répondu présent lorsque l’on m'a appelé. Je suis content que ce soit toujours le cas sous les ordres de David Bettoni.»
Le mea culpa de David Bettoni
Le technicien tricolore ne tarit d’ailleurs pas d’éloges sur son protégé. Un joueur sur lequel il reconnaît même s’être trompé à son arrivée aux commandes de l’équipe. «Lors de mes premiers jours ici, j’avais de la peine à comprendre quel personnage il était. J’ai pris le temps d’apprendre à le connaître, on a eu des discussions et rapidement, le mot qui est revenu était: confiance. Il en manquait assurément mais il a su saisir la chance que je lui ai offerte en débarquant sans à priori et en remettant tout le monde sur le même pied d’égalité. Depuis, il réalise des entraînements de qualité et ça se ressent immédiatement sur le terrain le week-end.»
«Un mec comme lui a tout pour être le capitaine du FC Sion d’ici deux ans. Il incarne vraiment les valeurs du club.» David Bettoni
Lors des quatre dernières journées de championnat, Joël Schmied a composé la paire en charnière centrale avec Reto Ziegler, de douze ans son aîné. «On parle énormément ensemble. C’est rapidement devenu un ami également en dehors du terrain. Il m’aide énormément et je profite de chacun de ses conseils.» S’il n’a pas l’expérience de son compère, le Bernois n’hésite pas lui aussi à hausser le ton quand il le faut. «Il se comporte parfois comme un entraîneur sur le terrain», affirme David Bettoni. «C’est un gars qui est toujours positif, toujours souriant. On a besoin de lui car il dynamise vraiment tout le groupe. Si je le pouvais, je dirais au club de le faire prolonger pour cinq ans. Quand je le vois au quotidien, je me dis qu’un mec comme lui a tout pour être le capitaine du FC Sion d’ici deux ans. Il incarne vraiment les valeurs du club.»
Un leader dans l’âme qui peut viser haut
Compétiteur dans l’âme, le défenseur joue sa vie sur chaque ballon, même lors d’un taureau à l’entraînement selon son entraîneur. «C’est la marque de potentiels grands joueurs, d’éléments qui ont de l’ambition. Joël est très professionnel, il ne fixe aucune limite à sa marge de progression et je pense qu’il va aller très haut.» À 24 ans, l’ancien junior de Young Boys a donc toutes les raisons du monde de regarder loin mais fidèle à sa nature, il tient à garder les pieds bien ancrés sur terre. «Je sais que tout peut aller très vite, dans un sens comme dans l’autre. En tant que défenseur, même si je suis encore jeune, j’essaie simplement de jouer un rôle de leader lorsque je suis sur le terrain. J’ai toujours été comme ça et je pense que c’est important. Dans une équipe comme la nôtre, tout le monde doit prendre ses responsabilités, pas seulement le capitaine ou les plus anciens. C’est le cas sur ces dernières semaines et on le voit bien. On met de l’émotion dans nos matches, on célèbre même certains gestes défensifs. Ce genre de choses montrent à nos adversaire que désormais le FC Sion est une équipe qui fonctionne.»
«La sensation de marquer un but me manque mais le plus important, c’est que l’on gagne.» Joël Schmied
Si on l’a vu plusieurs fois rugir, haranguer le public après un tacle réussi ou un sauvetage sur la ligne ces dernières semaines, Joël Schmied espère pouvoir à nouveau le faire après avoir catapulté le ballon au fond des filets adverses. «C’est vrai que cette sensation me manque un peu», reconnaît celui qui avait inscrit sept buts en une seule saison il y a deux ans à Vaduz. «Après, le plus important, c’est que l’on gagne, peu importe que je marque ou non.» En vingt-huit apparitions sous le maillot sédunois, le Bernois n’a pour l’instant signé qu’une seule réussite. Elle avait été accompagnée d’une victoire 3-2 lors de la première journée de cette saison. C'était le 17 juillet dernier au Cornaredo de Lugano. Là où les Sédunois sont justement attendus dimanche dès 16h30. Et si l’histoire venait à se répéter?
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