«Grand coup de chapeau à toute l’équipe»: Didier Défago réagit aux annulations de Zermatt/Cervinia
Déception, frustration, un peu de résignation aussi pour Didier Défago qui, en regardant le ciel bleu ce mardi, s’est dit que les courses auraient pu être magnifiques. Les épreuves de Zermatt/Cervinia n’auront pas lieu en 2022. Interview de celui qui a aidé à la conception de la nouvelle piste.

Pas de neige, pas de courses au pied du Cervin. Le constat est implacable. Les froides nuits tant attendues ne sont jamais venues du côté de Cervinia. Impossible dans ces conditions d’avoir de l’or blanc, naturel ou artificiel, en suffisance pour permettre l’organisation de ces épreuves. Concepteur de la piste prévue pour accueillir les nouvelles descentes, Didier Défago évoque les annulations dans cet entretien.
Didier Défago, votre première réaction par rapport aux décisions du jour ?
Comme dans le ski alpin, il y a un peu de frustration. C’est une expérience qui s’est terminée un peu plus rapidement que prévu. Ne reste plus qu’à tirer un grand coup de chapeau à toute l’équipe qui a travaillé sur place. Sur le terrain comme en coulisses. À la base, on avait prévu de tout faire en 2023 et les instances en ont décidé autrement. Le planning a été très court.
Et sur place justement, personne n’a abandonné avant ce mardi matin ?
Non. Ce sont des montagnards. Ils l’ont dit eux-mêmes. Ils ont du caractère et beaucoup d’expérience. Chaque jour a été utilisé au mieux. Tout le monde a voulu mener ce projet jusqu’au bout.
C’est donc la poisse ?
Le ski a besoin d’un coup de pouce de dame nature. Le revêtement de base doit être là, que ce soit au mois d’octobre ou au mois de mars. La météo joue un rôle comme dans toute activité en extérieur. On peut effectivement parler d’un manque de chance.
Qu’est-ce qu’il vous restait à faire, sur le plan de la conception de la piste ?
Il fallait finaliser les derniers détails, sur quelques sauts ou quelques passages. Le dernier gros test, c’était de voir les athlètes se démener sur cette piste.
Vous devrez encore patienter un an avant de voir les coureurs à l’œuvre. Qu’est-ce qui reste de tout ce qui a été mis en place cette année ?
Beaucoup d’expérience. Les organisateurs pourraient vous en parler mieux que moi. De ce que j’ai pu voir, tout le monde est convaincu par le projet. Avec cette situation, ça laisse une année supplémentaire pour tout préparer mais on aura droit à un joli débriefing.
« C’était légitime pour Zermatt, pour le Valais de vouloir relever ce défi. » Didier Défago
Venons-en aux diverses déclarations de ces derniers jours ou ces dernières semaines. Est-ce que vous avez senti la pression de la FIS pour avancer cette course d’une année ?
Peut-être, oui. Il faut aussi dire que les dates libres dans le calendrier peuvent être récupérées par d’autres projets. Et je pense que c’était légitime pour Zermatt, pour le Valais de vouloir relever ce défi. Chaque décision a été prise au bon moment. La décision finale n’est pas celle qu’on attendait mais on doit tirer les bons enseignements pour l’année prochaine.
Si on enlève le facteur « neige », tout était donc prêt ?
Tout à fait. Tout aurait été prêt, d’autant plus qu’ils annoncent une météo magnifique.
Quid de l’altitude et du ski sur les glaciers, décrié par certains athlètes ?
Cet argument n’est selon moi pas recevable. Les skieurs s’entraînent déjà sur les glaciers à cette période. La préparation se fait là-haut. L’altitude peut poser un problème même si à Beaver Creek ou Sölden on a déjà des départs à plus de 3’000m. Ça fait partie du jeu. Il y avait des points à prendre et les athlètes intéressés auraient été prêts.
« Du côté de l’organisation tout avait été mis en place pour pouvoir amener et rapatrier les athlètes le plus rapidement possible. » Didier Défago
Une autre critique concerne les déplacements et la logistique. Est-ce qu’on perd plus de temps à Zermatt qu’ailleurs pour se présenter au départ ?
C’est un argument qui est discutable. Il y a plusieurs descentes au calendrier, et je sais de quoi je parle, où il faut un certain temps pour se rendre au départ. Ça fait partie de notre sport et c’est un paramètre qui a été pris en compte. Du côté de l’organisation tout avait été mis en place pour pouvoir amener et rapatrier les athlètes le plus rapidement possible. Malheureusement, on n’a pas pu le démontrer de manière pratique. Il faudra attente l’année prochaine.
C’est la question qui revient toujours lorsqu’on parle de ski et plus généralement des sports d’hiver. Ancien champion olympique, concepteur de pistes, Didier Défago intègre l'écologie dans ses projets. Il se montre relativement nuancé dans ses réponses.
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