FC Sion: «Pas correct de pénaliser nos supporters pour des actes commis par d'autres»
Le comité de la Swiss Football League a décidé de fermer tous les secteurs visiteurs des stades de foot. Massimo Cosentino, directeur général du FC Sion, réagit.
Le comité de la Swiss Football League (SFL) a communiqué ce mercredi. Il a décidé de fermer les secteurs visiteurs des stades, en tout cas jusqu'à la fin de l'année 2021, envisage sérieusement d'imposer la règle des 2G et réfléchit à introduire le billet nominatif. Intreview du directeur général du FC Sion, Massimo Cosentino.
La fermeture des secteurs visiteurs
Massimo Cosentino, la ligue a pris la décision de fermer les secteurs visiteurs des stades jusqu’à la fin de l’année, au moins. Quelle est votre réaction ?
Je suis un peu surpris. Sincèrement, le FC Sion n’était pas pour cette décision, car ce n’est pas correct de pénaliser tous les supporters pour des actes commis par quelques-uns. En tout cas avec les nôtres, il n’y a jamais eu de problèmes cette saison. C’est dommage.
La ligue met en avant la situation sanitaire pour justifier cette décision. A vous entendre, ce n’est pas la raison principale ?
Il faut toujours être prudent lorsqu’on fait état de la situation sanitaire. Je suis convaincu que le comité de la ligue a demandé l’avis d’experts et analysé le sujet en profondeur pour prendre cette décision. Je peux comprendre que voyager en étant amassé dans un train puisse poser problème. Je crois également que la ligue voulait donner un signal fort pour montrer qu’elle agit pour mettre fin aux problématiques liées aux supporters.
Fermer le secteur visiteur, vous l’avez déjà expérimenté à Tourbillon. Avec un succès très relatif…
Oui, comme je l’avais dit il y a quelques mois, cette mesure n’empêche pas les supporters du club adverse d’acheter des billets dans d’autres secteurs du stade. Lors du premier match de championnat face à Servette, il y avait par exemple beaucoup de familles genevoises dans les autres secteurs de Tourbillon. Et ça n’empêche pas non plus les supporters ultras de se déplacer.
Quel avenir pour cette mesure, selon vous ?
Il va falloir que tous les acteurs – clubs, ligue, cantons et les supporters – s’assoient autour d’une table pour discuter.
L’ombre de la règle des 2G
Dans sa communication, le comité de la ligue évoque aussi la possibilité d’imposer la règle des 2G (supporters guéris ou vaccinés uniquement) dans les stades. Pour vous, c’est une bonne solution ?
A ce moment précis, on n’envisage pas cette mesure. Les lois en vigueur actuellement sont claires : toutes les personnes guéries, vaccinées ou testées peuvent accéder à Tourbillon.
Mais la mesure est sérieusement envisagée par la SFL...
Cette saison, nos supporters ont déjà vécu pas mal de choses: ils ont, comme tout le monde, subit l’impact du covid, mais aussi l’introduction du billet nominatif… Ce n’est pas notre envie de mettre des barrières supplémentaires. Par exemple, que fait-on avec un abonné qui, pour des raisons personnelles, ne veut pas se vacciner ? On devra le rembourser, alors que ce n’est pas notre décision. Ceci dit, je souligne que vous parlez à une personne convaincue par la vaccination et j’encourage tout le monde à se vacciner. Après, nous sommes dans une démocratie.
Donc pas de 2G pour Sion-Lausanne le 19 décembre prochain ?
Si aucune autorité ne nous y contraint, non, nous n’appliquerons pas cette mesure.
Les billets nominatifs
Enfin, Massimo Cosentino, la ligue sous-entend fortement dans son communiqué que l’introduction du billet nominatif pourrait intervenir prochainement. Encore une fois, le FC Sion a déjà expérimenté cela cette saison…
Oui, nous avons en effet vécu cette expérience à Tourbillon… ça s’est bien déroulé, car outre ce contrôle spécifique, on effectuait dans le même temps celui des passeports Covid. Ça a été par contre plus compliqué avec les ultras. Mais à vrai dire, il ne s’agissait pas d’un vrai billet nominatif, parce qu’il n’y avait pas connexion avec la base de données de la police. Si cette mesure est décidée, il faut voir si une loi fédérale ou cantonale permet réellement de la mettre en place. Il faut aussi aménager les infrastructures pour faire ces contrôles.
Lorsque le FC Sion se battait pour le retirer, il mettait en avant la difficulté d’être le seul stade de Suisse à imposer le billet nominatif. Dans cette configuration, ça change la donne ?
Oui. Et pas que dans le football. Je pense que cela pourrait devenir la règle dans tous les sports et dans toutes les enceintes avec une certaine capacité de spectateurs. Mais si cela devient réalité, il faudra aussi des aides économiques, car pour mettre sur pied un vrai projet, je le redis, il faut des infrastructures qui permettent sa mise en place.
S’il devient réalité, quand est-ce que le billet nominatif pourrait entrer en vigueur ?
Ce sera une décision politique, ce sont donc les politiques qui définiront le calendrier.
De votre expérience, y a-t-il une nécessité d’avoir le billet nominatif en Suisse et plus particulièrement à Tourbillon ?
Bonne question ! Je ne vais pas y répondre directement. Je vais simplement vous dire qu’en Italie, où je travaillais avant de revenir en Valais et où le billet nominatif est en vigueur depuis seize ans, les problèmes liés à la violence n’ont pas disparu.