Des groupes de parole réservés aux hommes explorent la masculinité
Les hommes fatigués de jouer les mâles virils seraient de plus en plus nombreux. Certains se tournent vers des groupes de parole exclusivement masculins. Leur objectif : se reconnecter à leurs émotions et parler de leur vécu. Pour définir une masculinité plus sensible, moins dominatrice.

De plus en plus d’hommes rejoindraient des cercles de parole exclusivement masculins.
Difficile d'exprimer les émotions
Leur objectif : se débarrasser des clichés liés à la virilité. Les groupes de paroles d'hommes sont une tradition venue du Canada, Ils ont été créés dans les années 90, par le psychanalyste Guy Corneau.
Et si la société a beaucoup évolué, il est encore difficile pour de nombreux hommes d’exprimer leurs émotions et de parler de leur vécu. Le phénomène des groupes de parole réservés aux hommes n’est pourtant pas nouveau.
«L'avantage de ces rencontres : pouvoir partager sur des bases similaires.» Gilles Crettenand, responsable du programme MenCare Suisse romande
«Les échanges entre hommes ont toujours existé. Et cet entre-soi masculin, comme pour tous les types d'entre-soi, permet d'avoir des vécus communs, des expériences communes et de pouvoir partager sur des bases similaires de façon plus ouverte, sans avoir à traduire avec des codes sociaux. C'est vraiment l'avantage de ce type de rencontres.», analyse Gilles Crettenand, responsable du programme MenCare Suisse romande.
«Parler de l'intime est très difficile et peu accessible pour les hommes, en raison de l'éducation reçue.» Gilles Crettenand, responsable du programme MenCare Suisse romande
Ces groupes de parole semblent se développer aujourd'hui en Suisse romande. La raison ? Pour Gilles Crettenand, «c'est parce que le partage entre hommes uniquement permet d'avoir un espace plus sécurisé, pour pourvoir parler de l'intime. Quelque chose de très difficile et de souvent très peu accessible pour les hommes, en raison de l'éducation genrée qu'ils ont reçue.»
Se reconnecter à soi
Les injonctions adressées aux garçons, comme « sois fort » ou le fameux « ce sont les fillettes qui pleurent », auraient coupé les hommes de leurs émotions, selon Gilles Crettenand. Certains cherchent aujourd’hui à se reconnecter à cette dimension intérieure.
Lionel habite en Valais. Il fait partie d’un cercle de parole, dans le cadre du Réseau hommes Suisse romande (RHSR). Il revient sur les raisons qui l’ont poussé à rejoindre ce groupe d’hommes.
«Suite à la naissance de mon fils, je me suis posé beaucoup de questions : qu'est-ce que je voulais lui transmettre ?» Lionel, membre d'un groupe de parole d'homme
«J'avais beaucoup de questionnements liés à la masculinité, en lien notamment avec les questions de genre et le féminisme», confie le jeune homme. Mais c'est surtout la naissance de son fils, qui l'a motivé à rejoindre le groupe. «Je me suis posé beaucoup de questions sur ce que je voulais lui transmettre en tant que père et en tant qu'homme.»
«J'ai découvert des histoires de vie qui n'étaient pas les miennes, mais qui résonnaient en moi.» Lionel, membre d'un groupe de parole d'hommes
Dans le groupe qu'il fréquente une fois par mois, Lionel a trouvé beaucoup d'écoute et de compréhension. «J'ai aussi retrouvé des connexions : des vies qui n'étaient pas les miennes, mais qui résonnaient en moi. Des gens bien plus âgés et qui avaient les même questionnements. Au fil des mois, on se voit évoluer et évoluer les autres. Je trouve que ça fait avancer.»
Ces groupes de parole n’ont pas de vocation thérapeutique. Ils réunissent des hommes de tous les âges et de tous les milieux.