Des grenadiers, des villageoises et des religieux au rythme des fifres et tambours à St-Germain

A l'heure de la diane, à 5h du matin ce jeudi de Fête-Dieu, les premiers tambours retentiront. Voilà venu le moment de réveiller les membres du comité de la fête pour lancer cette journée, comme le veut la tradition. Une journée ancrée dans les mœurs des Saviésans. La Féita-Djyo, en patois.

Des costumes remis au goût du jour

La procession ne commence que quelques heures plus tard, après que toute la compagnie s'est rassemblée devant la Maison communale de St-Germain. Après aussi que le chef du village, le capétan, a sorti l'esponton, la pique enrubannée signifiant l'autorité du chef. Et surtout, après seulement l'office religieux. La compagnie compte d'ailleurs plus de 600 personnes. Parmi elle, des sapeurs, des grenadiers qui seront au nombre de 110 et au moins autant de "villageoises" portant le coutin, la robe du costume traditionnel.

"Ce sont des costumes qui ont été remis au goût du jour, des costumes qui ont été sortis des armoires des grands-mères", précise Anne-Marie Sauthier-Luyet, ancienne présidente du Grand Conseil et originaire de St-Germain. "Certains ont plus de 100 ans et c'est absolument magnifique de voir l'état de conservation de ces vêtements". A l'époque, ces coutins étaient plus sobres qu'aujourd'hui. "Les brodeuses font actuellement des travaux différents et y ajoutent d'autres motifs". Un costume en constante en évolution avec son temps.

C'était il y a 20 ans

Pourtant, cela fait tout juste 20 ans cette année que ces Saviésannes peuvent participer au défilé en tenue d'apparat. Avant 2003, leur rôle n'était pas directement lié à la procession : "Les femmes avaient un rôle d'accueil, principalement à la maison. Parce que le jour de la Fête-Dieu, on invite ses amis, sa famille à faire la fête. Et depuis 2003, elles sont officiellement intégrées à la compagnie", explique pour sa part Anne-Gabrielle Bretz-Héritier, directrice de la Fondation du même nom, à Savièse. En dehors de cette tâche, les femmes devaient aussi habiller les différents membres de la famille.

"Il y avait énormément de réticence de la part des gens."Anne-Marie Sauthier-Luyet, à l'origine de la démarche en 2003

Ce changement dans la tradition n'a pas été accepté facilement, à l'époque. "Ce n'était pas évident parce qu'il y avait énormément de réticence de la part des gens", raconte justement Anne-Marie Sauthier-Luyet, à l'origine de la démarche en 2003. "Et puis finalement, l'esprit d'ouverture du comité de St-Germain a permis à ce femmes d'y participer." De fait, lors de la Fête-Dieu de 2003, sept femmes prenaient part à la procession. Les autres villages de Savièse ont ensuite emboîté le pas à St-Germain lors des Fête-Dieu qui ont suivi. "Cette année, je crois qu'elles seront 122", précise encore l'ancienne présidente du Grand Conseil. Et tout comme le reste de la compagnie, les villageoises en coutin défileront tout au long de la procession à une place qui leur a été attribuée. Tout ceci, sous les ordres du commandant de la fête, Julien Reynard.

"Le fait que la procession de la Fête-Dieu ait lieu chaque cinq ans dans un village permet aux gens d'oublier qu'ils ont eu mal au pied à cause de la marche."Anne-Marie Sauthier-Luyet, à l'origine de la démarche en 2003

Lors de cette procession la compagnie doit d'ailleurs marcher au rythme solennel des fanfares et des fifres et tambours. Un exercice astreignant pour tout le monde. C'est aussi pour cette raison que de nombreuses répétitions ont été mises en place avant le jour J. "Le fait que la procession de la Fête-Dieu ait lieu chaque cinq ans dans un village permet aux gens d'oublier qu'il a fait chaud, qu'ils ont eu mal au pied à cause de la marche", sourit Anne-Marie Sauthier-Luyet. "Malgré tout ça, ils se retrouvent chaque fois avec plaisir."

500 ans

La Fête-Dieu organisée cette année à St-Germain est aussi l'occasion de célébrer les 500 ans de l'église de Savièse. Ailleurs en Valais, les célébrations seront également au rendez-vous, à l'instar de Sion qui organise une procession avec les autorités religieuses, politiques et militaires au travers de la vieille ville.