Bancs publics : ces grands oubliés de l'urbanisme retrouvent une place de choix
Ils occupent souvent la dernière place dans l'aménagement de l'espace urbain. Pourtant, les bancs publics sont aujourd'hui mis en lumière. Les communes les prendraient de plus en plus en considération. Et un ouvrage édité par le Service de la mobilité leur est consacré.
Le banc public était jusqu’ici le grand oublié du développement urbain. Mais les choses changent : les communes lui accorderaient de plus en plus d'importance.
Les oubliés de l'urbanisme
Les bancs publics retrouveraient une place de choix dans l’aménagement urbain. Ils étaient jusqu’ici les parents pauvres de l’urbanisme. C'est à eux qu'on pensait au moment de terminer les travaux. Mais aujourd’hui, les bancs publics sont mis en lumière. Avec l'importance de la mobilité douce, les communes leur feraient de plus en plus honneur. Et le Service de la mobilité leur consacre même un ouvrage. L’historienne Delphine Debons s’est associée à Laurence Rausis, responsable communication du Service de la mobilité, pour étudier cette question. «On a pensé que c'était un thème et en fait c'était presque un non-thème : pour presque toutes les personnes interrogées pour préparer ce livre, c'était comme si on révélait au grand jour un objet qui n'était pas vu, qui était uniquement utilitaire.»
«En préparant ce livre, c'est comme si on révélait au grand jour un objet qui n'était pas vu.» Laurence Rausis, responsable communication du Service de la mobilité
«Le banc n'est pas la première chose à laquelle on pense quand on réfléchit à un espace public. Et malheureusement, on ne pensait pas tout de suite à ses utilisateurs», reconnaît Laurence Rausis. Mais selon elle, les choses sont en train de changer : on redonnerait une place plus importante au banc public. «Quand on voit toutes ces traversées de localités qui sont repensées pour l'humain, et pas juste pour la voiture, on a effectivement quelque chose qui est en train de se passer.»
Le banc à l'honneur à Sion
Avec plus de 800 bancs publics sur son territoire, la Ville de Sion prend la question très au sérieux. Pour Vincent Kempf, chef du Service de l’urbanisme et de la mobilité de la ville, les bancs ont toujours été à l’honneur dans la capitale. «Ce qui est plus récent, c'est un travail de mise en perspective à l'échelle globale de la ville. Et d'essayer de trouver un trait d'union entre les différents tissus urbains, Moyen Âge ou contemporain, qui la compose. pour faire en sorte que le parcours du piéton, de l'automobiliste aussi, soit uniforme.»
«Les retours sont très bons : nous avons des demandes des quartiers pour positionner des bancs supplémentaires.» Vincent Kempf, chef du Service de l'urbanisme et de la mobilité de la Ville de Sion
Et pour cela, la Ville de Sion a lancé il a quelques années une démarche pour développer le banc "Sion", du nom de la ville. Un banc public local, en bois suisse et acier, fabriqué à Uvrier. «L'objectif est de pouvoir s'intégrer dans le tissu urbain. Mais aussi d'être exploité au quotidien par les services communaux, sans dépendre d'entreprises extérieures», ajoute Vincent Kempf. La volonté était aussi d'offrir du confort, tout en travaillant avec des matériaux durables.
Le banc "Sion" : un banc public local, en bois suisse et acier, produit à Uvrier.
Amoureuse des bancs publics
Dans le livre édité par le Service de la mobilité du canton, les deux auteures donnent également la parole à la sociologue Renate Albrecher, passionnée par les bancs publics (voir ci-dessous). Elles ont également interrogé différentes communes, afin de connaître la place que celles-ci accordent à leurs bancs.
Passionnée par les bancs publics, la sociolgue Renate Albrecher fonde en 2016 l'association Bankkultur. Elle développe de nombreux projets pour faire découvrir les quelque 200'000 bancs publics suisses.
L'association Bankkultur a également développé une carte "banc’aire" interactive. Elle contient des informations sur l'emplacement des bancs public, leur accessibilité, l’endroit et la vue qu’ils offrent. Photos, histoires et informations peuvent être partagées dans le livre "banc’aire", automatiquement disponible pour chaque banc. Il est également possible d'ajouter un banc sur la carte.
Bankkultur soutient aussi des travaux scientifiques et artistiques, qui traitent de l’importance des bancs publics.
L'association s'engage pour une prise de conscience de l’importance pratique et sociale des bancs publics auprès d’une large partie de la population. «Nous nous considérons comme les défenseurs et les porte-paroles de ces biens culturels suisses», indique encore l'association sur son site.