Une messe à 3'000 mètres d'altitude pour célébrer l'amitié entre Evolène et le Val d'Aoste
L'amitié entre Valdôtains et Evolénards est célébrée chaque année à la frontière italo-suisse, au col de Collon. Une messe a plus de 3'000 mètres d'altitude dans un lieu d'importance entre les deux régions.
C'est une messe dans un cadre un peu insolite qui est célébrée chaque année sur les hauts d'Evolène. Un office religieux à plus de 3'000 mètres d'altitude, sur le col de Collon, à la frontière italo-suisse. La messe aura lieu ce mardi 20 août à 11H30. Au petit matin, une poignée d'habitants d'Evolène et de Valpelline, en Italie, entameront l'ascension en direction du col de Collon. Ils se rejoindront au sommet pour une messe qui célèbre l'amitié transfrontalière. "C'est un moment très convivial et sympa", entame Marcel Gaspoz, ancien député hérensard et fidèle participant à la messe transfrontalière.
La tradition de cette célébration remonte à l'an 2000. Roger Anzevui, ancien président du Tour du Cervin, demande à un ami, André Chevrier, de concevoir une croix pour l'installer au col de Collon. L'information remonte aux oreilles d'anciens guides, qui font état d'une croix, datée de 1753 et installée sur le sommet italo-suisse. Disparue, elle est donc remplacée en 2000 et bénie par le curé de Valpelline. Depuis cette date, chaque année, vers le 20 août, une messe est organisée pour célébrer l'amitié transfrontalière.
Un haut lieu de passage
Les deux régions ont une histoire commune. Jusqu'à la fin du 18e siècle, les Evolénards et les Valdôtains empruntaient le col de Collon pour commercer des deux côtés de la frontière. "C'était un axe nord-sud très important", explique Marcel Gaspoz. Avant la mini-glaciation, qui a mis fin aux échanges, le commerce se faisait essentiellement entre Evolène et le Val d'Aoste. "Evolène n'échangeait pas beaucoup vers la plaine du Rhône", raconte l'Evolénard. Dans le Val d'Aoste, il y a même une "place d'Hérens" et à Evolène "le clos Lombard", où les Valdôtains attachaient leurs vaches lors de la foire.
Contrairement aux idées reçues, le commerce transfrontalier par le col de Collon se faisait de manière légale. C'est bien plus tard, lorsque les échanges officiels ont cessé, que la contrebande a commencé. "Il y a eu beaucoup de contrebandiers valdôtains, qui acheté du tabac, des cigarettes pour les revendre en Italie", raconte Marcel Gaspoz.
Preuve supplémentaire de la proximité et de la complicité des deux régions : le patois. Le dialecte valdôtain et évolénard est le même des deux côtés du col de Collon. "Entre le Val d'Aoste et Evolène, on se comprend plus qu'avec d'autres patois valaisans", assure Marcel Gaspoz, grand défenseur du francoprovençal. Il a déposé plusieurs textes au Grand Conseil lorsqu'il était député. "Je vais souvent dans le Val d'Aoste, et dès que je parle patois, on m'offre des verres", rigole-t-il. D'ailleurs, la messe de ce mardi est célébrée en partie en patois, en italien et en français.