Le PS du Valais romand veut limiter les prises de parole des hommes à l'interne
Le parti socialiste du Valais romand veut-il museler les hommes à l'interne ? La question agite le PSVr après une proposition pour limiter les prises de parole des hommes lors de ses congrès.
Le parti socialiste du Valais romand (PSVr) veut limiter les prises de parole des hommes à l'interne. La proposition, qui sera soumise au vote des adhérents socialistes le 4 mai 2024 à Fully, est sans équivoque. Selon ce texte consulté par Rhône FM, pas plus de trois hommes d'affilée pourront prendre la parole sur le même sujet lors des congrès du parti à la rose. Autrement dit, après trois interventions d'hommes, la parole doit obligatoirement passer à une femme ou à une personne d'une minorité de genre. Sauf motion d'ordre demandant la dérogation à cette règle.
"Le devoir du PSVr est aujourd'hui de prendre des mesures nécessaires pour permettre aux voix des femmes d'être non seulement mises en avant, mais écoutées", peut-on lire dans la motion. Les initiants – la jeunesse socialiste du Valais romand – dénoncent un monde politique dominé par des hommes riches, blancs et hétérosexuels. "Le PSVr est en retard sur la question des inégalités de genre à l'interne", dénoncent-ils. Les motionnaires se défendent de censurer ou museler les hommes du parti. "Un rôle de sensibilisation à l'interne", nuancent-ils.
Soutien des dirigeants du PSVr
Le comité directeur propose d'accepter la proposition. "Les préoccupations portées par les dépositaires sont partagées par le PSVr", notent les dirigeants du parti. "Dans la gestion des débats, on fait tout ce qui est possible pour permettre à tout le monde de s'exprimer. Mais, il y a souvent plus d'hommes qui s'expriment en politique que de femmes, au PS, mais dans tous les autres partis aussi", réagit Clément Borgeaud, le président du PSVr. "Toutes les idées qui souhaitent rééquilibrer un peu cette situation sont bonnes à prendre", ajoute-t-il.
Clément Borgeaud se veut rassurant. La proposition n'a pas vocation à museler ou censurer les hommes du parti. "C'est pour promouvoir les prises de parole des femmes. C'est un outil de sensibilisation", temporise le président du PSVr.
La proposition suscite déjà l'incompréhension
Les propos rassurants de Clément Borgeaud ne convainquent pas certains élus et sympathisants socialistes, qui sont vent debout contre cette proposition. Parmi eux : Valentin Aymon. "On propose pour corriger une potentielle inégalité, d'en instaurer une autre", s'offusque le député-suppléant et conseiller communal PS à Savièse.
Il dénonce un recul du droit de parole au sein du parti. "Ça va à l'encontre du droit de parole sans restriction", ajoute-t-il. Et le Saviésan de se questionner : "Jusqu'où pourra-t-on aller dans la restriction du droit à la parole, voire peut-être un jour de la liberté d'opinion, si elle ne plaît pas à certaines personnes ? "
Valentin Aymon estime aussi que la proposition manque sa cible. "Au congrès, les gens qui s'expriment veulent apporter une expertise, ce serait dommage de s'en priver", regrette l'élu socialiste. Selon lui, les femmes ont tout le loisir de prendre la parole lors des assemblées du parti. "Il y a de plus en plus de femmes qui s'engagent en politique", se réjouit Valentin Aymon. Il rappelle l'instauration d'un quota minimum de femmes sur les listes socialistes lors des élections et les formations dispensées à l'interne pour la prise de parole en public. "Il faut aller vers des mesures positives et non pas des mesures restrictives", plaide-t-il.
Toujours dans cette logique de représentation des femmes au sein du parti, le PSVr demande aussi un décompte des prises de parole lors de chaque congrès. Un rapport devra être établi sur la présence ou le manque d'interventions de femmes, et présenté lors de l'assemblée suivante.