Malaurie Granges sur la voie du retour : "J'aimerais bien pouvoir jouer un peu maintenant"
En l'espace de onze mois, Malaurie Granges est passée deux fois par la case opération. Une pour chaque genou. Modèle d'abnégation, la Bovernionne est bien décidée à prendre sa revanche sur le sort. Elle devrait retrouver la compétition au début du printemps avec YB.
Beaucoup se morfondraient en pareille situation. Pas elle. Malaurie Granges reste tout sourire alors que la poisse semble lui coller aux basques. Dernier exemple en date? Un accident de travail subi par la menuisière de Bovernier. Fixé le jour même, notre premier rendez-vous a logiquement été repoussé. "Mon doigt est passé dans une machine", nous raconte-t-elle deux semaines plus tard en nous présentant son pansement. Déjà de retour aux affaires, la Valaisanne ne s'attarde pas sur cet épisode qui relève de la mésaventure et qui n'est rien en comparaison de ce qu'elle a vécu ces derniers mois. En moins d'une année, l'attaquante des Young Boys a eu le malheur de se subir deux graves blessures, une à chaque genou.
Pas conscience de la gravité de la première blessure
Tout commence le 11 mars 2023 lors d'une rencontre contre Rapperswil. "Une joueuse s'est blessée, entraînant une interruption de quelques minutes. Quand le jeu a pu reprendre, la gardienne adverse a posé le ballon au sol pour relancer vers sa défense centrale. En changeant de direction pour aller au pressing, mon genou a craqué. Mon adversaire l'a entendu, pas moi. Le physio est venu me voir, il a bougé mon genou et je me suis dit que ce ne devait pas être trop grave." La Bovernionne prend conscience de la réalité le lundi qui suit, en recevant les résultats de son IRM. Les ligaments croisés sont déchirés. Démarre alors un long chemin de croix. Quelques semaines sont nécessaires pour que son articulation désenfle avant l'opération. Onze mois avant qu'elle ne retrouve les terrains en compétition officielle.
Le 10 février dernier, Young Boys se déplace à Aarau pour la reprise du championnat après la trêve hivernale. Les Bernoises mènent 3-0 après septante-deux minutes lorsque Malaurie Granges entre en jeu. Neuf minutes plus tard seulement, elle fait déjà trembler les filets en signant un vrai but d'attaquante. "La coach avait vraiment attendu le bon moment pour me faire entrer. Je n'avais aucune pression", témoigne-t-elle. "Je n'ai même pas eu le temps de réellement savourer mon goal. Sur la dernière action, je suis revenue défendre et cette fois, j'ai entendu le bruit. Je savais ce que c'était." Cette fois, le verdict ne la surprend pas. Après le genou droit, le gauche est à son tour touché. Une déchirure du ménisque s'ajoute à celle des ligaments croisés.
Plus difficile la 2ème fois
"Cette deuxième blessure a été plus difficile à vivre que la première", affirme-t-elle. "Ne pas être dans l'inconnue peut faciliter les choses, c'est vrai, mais cela veut aussi dire que je savais tout le chemin à accomplir pour revenir. Tenir le choc mentalement dans un délai si proche n'a pas été évident." La Bovernionne peut heureusement compter sur le soutien essentiel de ses proches. "Pour eux aussi, cela n'a pas été facile de me voir comme ça." Ses dirigeants et ses coéquipières sont également derrière elle malgré un certain éloignement. Les deux fois, elle accomplit une bonne partie de sa convalescence au centre sportif national de Macolin où elle effectue son service militaire.
Vivre coup sur coup deux longues périodes de convalescence n'est évidemment pas anodin. Un tel enchaînement marque l'esprit et pousse à la réflexion. "Je ne suis pas devenue plus patiente pour autant", admet-elle en souriant. "J'ai toujours foncé sans forcément réfléchir et je ne peux pas changer ma nature. En revanche, j'ai appris à faire un gros travail mental pour essayer de prévenir les blessures à l'avenir. Sans la tête, on ne va pas loin." La Valaisanne a par ailleurs profité de ses deux pauses forcées pour passer ses diplômes d'entraîneur. "Je veux servir d'exemple pour les plus jeunes."
Modèle d'abnégation, Malaurie Granges dégage une grande maturité. On en viendrait presque à oublier que la Bovernionne, établie depuis plusieurs saisons déjà au sein du club de la capitale, n'a que 22 ans. "Avoir vécu ces deux blessures aussi jeune peut être une bonne chose", souffle-t-elle. "Plus on vieillit, plus on met du temps à se remettre. J'aimerais bien pouvoir jouer un peu maintenant." Après plusieurs mois de travail individuel, elle reprend peu à peu les séances collectives. "Dans un premier temps, je me contenterai d'un rôle de joker à l'entraînement. Aucune appréhension n'a accompagné mon retour sur les terrains. Il y avait surtout beaucoup de joie. De ma part, mais également du côté de mes coéquipières. Je pense que cela a fait du bien à tout le monde."
La Coupe du Monde 2027 plutôt que l'Euro 2025?
Si tout se passe comme prévu, la Valaisanne devrait être apte à reprendre la compétition au printemps, pour le début du 2ème tour. À temps pour prétendre à une place à l'Euro que l'équipe de Suisse disputera à domicile en juillet prochain? "Je pense que c'est un rêve pour n'importe quelle joueuse. C'était ma priorité lorsque je suis revenue de ma première blessure. Aujourd'hui, les choses sont un peu différentes. Je garde les pieds sur terre et je me dis que le plus important est que je me remette complètement. Je suis prête à me focaliser sur la Coupe du Monde 2027 pour laisser le temps aux dirigeants de l'équipe nationale de me revoir à l'oeuvre. Participer à l'Euro sans être à 100% ne servirait à rien."
300 fondues vendues pour soutenir sa carrière
Malaurie Granges s'est lancée dans une démarche particulière ces derniers mois. En collaboration avec les producteurs de la fondue La Welsch, la Bovernionne a vendu des paquets spécialement conçus à son effigie. But de la démarche : récolter quelques fonds pour la soutenir dans sa carrière sportive. En deux phases de vente (avril et septembre), le succès a été au rendez-vous puisque près de 300 fondues ont trouvé preneur. "Heureusement que chez nous, il n'y a pas de période pour la fondue. On en mange toute l'année", rigole-t-elle. "Au vu du succès rencontré, il y a de fortes chances qu'on relance l'opération l'année prochaine."